Quelle est la stratégie la plus efficace pour mettre en évidence la « circulation silencieuse » de l’influenza aviaire au sein des élevages vaccinés ?

Au mois d’octobre 2024, la France a lancé sa deuxième campagne de vaccination des canards contre la grippe aviaire. Or, celle-ci « réduit considérablement la mortalité et les symptômes cliniques, classiquement utilisés pour détecter la présence du virus » soulignent les scientifiques.

Des chercheurs de l’Inrae (1) et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse ont étudié plusieurs méthodes de surveillance pour déceler rapidement la présence du virus de l’influenza aviaire pathogène (IAHP) au sein des élevages de canards vaccinés. Ils recommandent ainsi de concentrer les efforts de surveillance vers les tests réguliers sur les canards morts, dans un communiqué partagé par l’Inrae ce 6 janvier 2025. Leur étude, qui vise à optimiser les protocoles de surveillance, a été publiée dans la revue internationale Emerging Infectious Diseases (EID).

Jusqu’à 90 % de détection

Probabilité de détection du virus et délai de détection ont été estimés par un modèle mathématique simulant la transmission du virus dans un élevage de canards vaccinés. La comparaison a porté sur trois stratégies de surveillance précoces :

  • La surveillance évènementielle, qui est basée sur une augmentation de la mortalité ;
  • La surveillance évènementielle renforcée, portant sur la réalisation de tests diagnostiques sur les canards trouvés morts ;
  • La surveillance programmée, basée sur la réalisation de tests diagnostiques sur un échantillon de canards vivants.

« Les prélèvements hebdomadaires sur canards morts, soit la surveillance évènementielle renforcée, offrent la meilleure sensibilité et la détection la plus précoce », conclut l’étude. De fait, jusqu’à 90 % des élevages infectés sont détectés lors des simulations.

Combiner vaccination et mesures de surveillance

Les prélèvements sur canards morts apparaissent donc plus efficaces que la réalisation de prélèvements mensuels sur un échantillon de canards vivants. Ils sont à privilégier pour limiter le risque de circulation silencieuse, selon les scientifiques à l’origine de l’étude. À l’inverse, « les stratégies de surveillance programmée moins efficaces et plus coûteuses » sont à réduire.

Des résultats qui soulignent « l’importance d’une combinaison judicieuse entre vaccination et mesures de surveillance, afin de préserver la santé animale et soutenir le secteur avicole face aux défis sanitaires actuels ».

(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.