Lorsqu’il s’agit d’évoquer les monarchies de la péninsule arabique, la production agricole et alimentaire ne vient pas naturellement à l’esprit. Pourtant, dans les pays les plus riches de la région, c’est une question devenue cruciale. Que ce soit pour diversifier leur développement économique futur ou pour leur propre alimentation, ils sont à l’initiative.

« Une production agricole qui se développe sur leur territoire »

Diane Mordacq, économiste au club Demeter a observé cette tendance sur place. « Il y a une production agricole qui se développe sur leur territoire. Que ce soit au Qatar, aux Émirats arabes unis ou en Arabie Saoudite, ils sont déjà en action sur le terrain », relate-t-elle. Pourtant, c’est peu de dire que l’environnement n’est pas propice. « Les températures sont autour de 45 à 50°C l’été et les précipitations atteignent péniblement les 100 mm par an », précise-t-elle.

Malgré ces nombreux défis, des résultats apparaissent déjà. « Grâce à des technologies et notamment des environnements contrôlés, ils arrivent de plus en plus à produire sur leurs territoires désertiques, explique-t-elle. Avec le boom technologique depuis vingt ans, ils parviennent à produire. Le modèle des fermes verticales en est un exemple. Cela nécessite de gros investissements mais ce sont les États qui sont derrière. »

Une ferme verticale Bustanica à Dubai. (©  Bustanica)

Les productions animales en plein essor

Les productions végétales ne sont pas les seules concernées. Depuis plusieurs années, l’élevage fait aussi partie des productions en développement comme la volaille en Arabie Saoudite qui se rapproche de l’autosuffisance, ou la production laitière. L’entreprise Baladna au Qatar en est l’exemple. « C’est le projet de deux hommes, grandement soutenu par l’État », insiste Diane Mordacq.

« Ils ont notamment monté de toutes pièces une exploitation laitière de 25 000 vaches, toutes importées pour augmenter la production, poursuit-elle. Aujourd’hui, l’entreprise permet de répondre à la quasi-totalité de la demande qatarie. » Et leur modèle s’exporte. L’entreprise se développe en Algérie avec l’implantation d’un élevage de 270 000 vaches laitières, à grand renfort de fourrages irrigués. Des discussions avec l’Indonésie et la Malaisie sont aussi en cours.

Usine d'embouteillage de Baladna. (©  Capture d'écran documentaire Baladna/You Tube )

L’eau, un enjeu majeur

Dans les territoires désertiques du golfe Persique, l’accès à l’eau reste un véritable défi. Pour y faire face, c’est à nouveau la technologie qui vient en renfort. « C’est un sujet dont ils parlent tout le temps, relate Diane Mordacq. La dessalinisation est l’un des moyens utilisés, notamment grâce aux énergies fossiles disponibles sur place. »

« Un autre processus qui se développe, c’est le traitement des eaux usées, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes avec la religion par exemple », décrit Diane Mordacq. L’utilisation d’eau souillée pour l’alimentation humaine est interdite par le Coran. Pour contourner cet écueil, elle est utilisée pour l’irrigation des cultures fourragères. L’autre voie empruntée, c’est l’économie en eau.

Redynamiser des territoires

Besoin alimentaire, développement économique… et du territoire. Les revenus issus des énergies fossiles sont certes importants, mais des pays comme l’Arabie Saoudite doivent aussi résoudre les problématiques d’emploi pour ceux qui n’en bénéficient pas directement, notamment dans les zones rurales. « Ces pays tentent de sortir de leur dépendance au pétrole et au gaz mais d’une certaine manière, ils veulent aussi remettre une partie de la population au travail », explique Diane Mordacq.