Benoît Bourgerie, 42 ans, est fils d’agriculteur. Pour autant, il ne se destinait pas à ce métier. À la sortie du lycée, « j’ai opté pour un BTS en maintenance industrielle et j’ai travaillé une dizaine d’années dans ce secteur avant d’être rattrapé par l’agriculture ». En 2013, alors qu’il est âgé de trente ans, Benoît reprend des études par correspondance et passe un BTS Acse. Son diplôme en poche, il s’installe en 2017 à La Ménitré, dans l’est du Maine-et-Loire.
Benoît reprend 17 ha qui appartiennent à son père avec un double objectif : convertir à l’agriculture biologique ces terres d’alluvions à fort potentiel agronomique et transformer une partie des cultures oléagineuses en huile « afin de dégager plus de marge ». En 2019, à la faveur du départ en retraite d’un oncle, l’exploitation s’agrandit à 46 ha. La SAU n’a pas bougé depuis.
Une dizaine de cultures
Benoît cultive en moyenne une dizaine d’espèces. Cette année, par exemple, il a semé du tournesol (12,5 ha), du blé (9 ha), du soja (9 ha), du chanvre semence (5 ha) mais aussi de l’avoine blanche (4 ha), du colza (4 ha), de l’orge de printemps (1 ha) et du millet (1,5 ha) dont les grappes — récoltées à la main — sont destinées au marché de l’oisellerie. « Avec des potentiels de rendements (NDLR, en AB) très corrects : de l’ordre de 30-40 q/ha en blé, 20-30 q pour le soja, 20-25 q pour le tournesol, etc. ».
Seule exception au tableau : le colza qui ne dépasse guère les 10-15 q. « Sa conduite en bio me pose encore pas mal de problèmes. Cette année, sur 7 ha semés j’ai dû en casser trois… », précise Benoît qui contractualise la plupart de ses productions. Pour les céréales, le soja et le tournesol, il travaille avec deux négoces : Biograins (Vienne) et Anjou Maine Céréales (Sarthe). Pour le chanvre semence et le millet, avec des entreprises locales.
Du côté du matériel, la sobriété est de mise. À l’exception d’une herse étrille — en Cuma —, Benoît Bourgerie est équipé en propre et peut mener tous les travaux seul, moissons comprises. « Mon parc de matériels est fonctionnel, bien adapté à la surface. La seule chose, c’est qu’il est vieillissant. » C’est en particulier le cas de la moissonneuse-batteuse : une Someca M 112, sans cabine « qui a au moins quarante ans, a toujours été bien entretenue et fonctionne parfaitement », assure Benoît, qui prévoit d’investir prochainement dans un hangar (300 m²). « Pour mettre à l’abri l’ensemble des matériels et moderniser l’huilerie. »
De l’huile de table
Le local actuel de transformation a été aménagé en 2018-2019. À l’époque, Benoît Bourgerie a investi 15 000 € pour acheter notamment une presse, un filtre à plaques et des cuves. En l’état, l’atelier permet de transformer 10 tonnes de tournesol par an et autant de colza. Soit une production de 7 000 à 8 000 litres d’huile par an. Benoît Bourgerie la commercialise en direct. Son fichier de clients compte une petite cinquantaine de noms. La plupart d’entre eux sont installés dans le Maine-et-Loire et leur profil a évolué.
« Après le Covid, la clientèle des particuliers — largement majoritaire jusque-là — a fléchi. J’ai alors commencé à prospecter des restaurants, des collèges, des hôpitaux, etc. À l’époque, je craignais que mes prix soient trop élevés mais les choses se sont plutôt bien passées. » Concrètement, les bouteilles (75 cl) ont peu à peu cédé la place aux bidons de 5, 10 ou 20 litres. Désormais, ils représentent 70 % des ventes. « L’huile apporte de la valeur ajoutée mais il ne faut pas oublier les tourteaux. C’est grâce aux deux que l’activité de transformation est rentable », rappelle Benoît, qui vend chaque année entre douze et quatorze tonnes de tourteaux à des éleveurs bio « avec une valorisation à 700 € la tonne ».