Pommes, poires, pêches, abricots, mirabelles, quetsches, cerises, framboises, fraises, cassis, groseilles, framboises, noix… Sur 15 ha de vergers et 0,5 ha de serres, Julien Marin produit une douzaine de sortes de fruits sur son exploitation, « Les Vergers des Moncels », à Lagney, en Meurthe-et-Moselle. Sur ces zones en côteaux au climat favorable et traditionnellement plantés en arbres fruitiers, ses cueilleurs récoltent ainsi une douzaine de variétés de cerises, du début de juin à la mi-juillet.

« Cela va de la burlat, précoce, à la sweatheart, tardive, afin d’être présent le plus longtemps possible sur les étals, précise Julien. Mais de tous les fruits, la cerise est le plus fragile. Elle est surtout sensible aux attaques de la mouche traditionnelle qui pique les fruits et dépose ses œufs. » Alors quand une autre mouche non endémique a fait son apparition, la Drosophila suzukii, originaire de l’Asie, l’arboriculteur a décidé de frapper large pour protéger ses arbres.

40 000 € pour un hectare

« Toutes les matières actives efficaces ont été supprimées, souligne-t-il. Dans mes serres, j’utilise la production biologique intégrée. Mais ce n’est pas possible à l’échelle d’un verger, non fermé. J’ai donc investi depuis le printemps dans cette installation qui est l’équivalent d’une moustiquaire géante. Des filets en nylon classiques, mais qui dans mon cas recouvrent entièrement les cerisiers, au-dessus et sur les côtés. La taille de la maille, 0,6 mm, est raisonnée pour que feuilles et fruits puissent “respirer”, tout en assurant la protection attendue : contre les insectes, mais aussi les oiseaux, très friands de cerises, et contre la grêle. Je les déploie après la floraison, pour que la pollinisation se fasse, jusqu’à la récolte. Cette année, je les ai déployés le 10 mai, refermés le 25 juillet. »

Contre les oiseaux, l’arboriculteur utilisait des canons effaroucheurs, mais comme la parcelle est proche du village, les riverains se plaignaient. « Ce système est vraiment efficace car il constitue un barrage absolu, insiste Julien. En revanche, le coût est important, 40 000 € pour un hectare. » L’installation a aussi nécessité la mise en place de poteaux enterrés pour soutenir les filets. Un gros travail « fait maison » assuré aussi par les trois salariés permanents qu’emploient « Les Vergers des Moncels ». Les filets ont été achetés chez un fournisseur de la Drôme.

Le CTIFL (1) estime que l’efficacité de la protection par filet contre Drosophila suzukii, ravageur jugé « hautement nuisible », est de 100 % lorsqu’ils sont totalement « étanches ». Le centre technique indique toutefois qu’une « modification du climat sous filet monoparcelle a été observée (augmentation des températures aux heures les plus chaudes et humidité relative plus forte en l’absence de vent) ».

D’autres fruits sont protégés sur l’exploitation, mais « de façon moins sophistiquée, précise Julien. Pour les pommes, nous avons depuis plusieurs années des filets au-dessus des arbres, mais pas sur les côtés. Car les pommiers eux sont surtout très sensibles à la grêle. »

(1) Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.