Avec 551 points sur 1 000, la France se place pour la troisième année consécutive, à la quatrième position du classement de la compétitivité pour le blé tendre (1) établi par le cabinet Agrex consulting pour FranceAgriMer. Devant elle, la Russie, les États-Unis et le Canada, avec respectivement 609, 599 et 575 points.

 

À l’image de ces dernières années, « la France n’est pas première, mais elle joue dans la cour des grands, a résumé Benoît Bechet, associé du cabinet Agrex Consulting, qui a présenté les principaux résultats de la veille concurrentielle internationale sur le blé tendre relative à la campagne de 2019-2020, lors de la conférence de presse sur les marchés céréaliers organisée par FranceAgriMer le 10 novembre 2021.

 

Pour consolider sa position face à des pays dont la compétitivité est amenée à croître, comme l’Ukraine ou la Russie, la France doit jouer sur plusieurs leviers, selon l’expert.

Augmenter le soutien à la production

« Le système céréalier de la France, voire de l’Europe occidentale, est moins aidé que la plupart des grands acteurs mondiaux, comme les États-Unis », a souligné Benoît Becher. Si la France se positionne dans le haut du panier en termes de soutien à l’hectare — 193 € contre 134 € pour les États-Unis par exemple — elle perd de nombreuses places en soutien à la production du fait de ses rendements élevés. Elle atteint ainsi les 2 €/q, contre 3 à 3,5 € dans les pays de l’est de l’Europe, et 5 € aux États-Unis.

 

« Or, pour maintenir une agriculture efficace, il faut maintenir un peu de revenu. […] Ces dernières années en moyenne, le coût de production s’élevait à 160 €/t en France, pour un prix de vente à 160 € également, a rappelé l’expert.

 

La France reste par ailleurs dans la moyenne des coûts de production grâce à ses rendements élevés, qui masquent un manque d’optimisation de ses charges fixes du fait de la faible taille des exploitations : le blé tendre occupe en moyenne 30 ha sur les exploitations le produisant. Bien loin des 298 ha en l’Ukraine, ou des 440 ha en Australie.

Limiter les contraintes phytosanitaires

« Aujourd’hui, l’un de nos principaux handicaps, c’est la stabilité des rendements alors qu’on garde un potentiel de progression génétique. Ce dernier est absorbé par les contraintes phytosanitaires et parasitaires qui augmentent », a alerté le spécialiste, pour qui l’optimisation de ces contraintes représente un des leviers d’amélioration de la compétitivité du pays.

 

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Maintenir ses atouts

La France dispose toutefois de plusieurs atouts, qu’elle devra consolider. La régularité de ses exportations, garantissant une offre constante tout au long de la campagne, est plutôt appréciée par les pays importateurs.

 

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Elle peut également s’appuyer sur la bonne organisation de sa filière, et sur la diversité de ses débouchés : sa présence sur des marchés de niche, relativement bien valorisés comme le bio, ou sur le segment des biocarburants a notamment été citée.

 

(1) La veille concurrentielle couvre 77 % de la production mondiale et s’intéresse aux pays producteurs comme aux pays importateurs. Un certain nombre d’indicateurs sont étudiés (productivité, caractéristiques de la production, marchés conquis, organisation de la filière, etc.).