« Je ne fléchirai pas, je ne tremblerai pas, je n’aurai pas peur de mettre la tête au milieu du ruck pour récupérer le ballon ». Entre métaphore rugbystique et clin d’œil à son amour « des verres », Didier Guillaume a fait son possible pour donner l’impression d’être proche de son auditoire, se voulant « le ministre des agriculteurs et des éleveurs » et affirmant n’avoir « qu’un objectif : la défense de l’agriculture française et de l’élevage. »

Agribashing

Le ministre s’est présenté comme « le bouclier face à l’agribashing » et a annoncé que le thème du stand du ministère de l’Agriculture lors du Salon international de l’agriculture sera « Ensemble, arrêtons l’agribashing ». Une annonce bien accueillie par la salle. « L’élevage est une chance pour notre pays et est une chance pour limiter le réchauffement climatique », s’est-il exclamé.

Rémunération des éleveurs

« Il n’est plus acceptable que les éleveurs se fassent étrangler par des prix, a affirmé Didier Guillaume. Je prendrai mes responsabilités mais j’aurai besoin de vous aussi, pour dire des choses à la distribution, pour dire des choses aux industries, pour dire des choses aux metteurs en marché. »

 

Il a proposé à Bruno Dufayet, le président de la FNB, de faire rapidement le point sur l’état des négociations commerciales, soulignant les avancées, notamment dans la filière laitière, mais reconnaissant que « le compte n’y ait pas sur la viande ».

 

« Les indicateurs de prix que vous avez mis en place ne seront sûrement pas atteints la première année mais il faudra avancer parce que si les choses ne se passaient pas, ça voudrait dire que le travail que vous avez accompli sur les EGA et les engagements pris par les uns et les autres ne seraient pas tenus. Il faudra peut-être faire bouger un certain nombre de gens dans la grande distribution. »

« Vous n’êtes pas à la hauteur »

Le ministre s’est fait provocateur au moment d’aborder la question des exportations. « Vous n’êtes pas à la hauteur parce que la Chine attend qu’on lui envoie du bœuf et on ne lui en envoie pas.|…] Je vous demande vraiment les amis de mettre le paquet, sans quoi nous allons passer pour des gens pas à la hauteur, alors que nous le sommes. »

Maintenir la Pac à son niveau actuel

Concernant la Pac, « la volonté du gouvernement est le maintien d’une Pac à son niveau actuel, a-t-il souligné. Je ne sais pas si nous y arriverons, mais là-dessus nous ne céderons pas, il y a plus de vingt pays qui sont d’accord sur cette position. » Il s’est positionné en faveur du maintien des aides directes et a affirmé que les ICHN devaient être « très majoritairement destinées à l’élevage dans les territoires difficiles. »

 

Tout en reconnaissant qu’il « n’y a pas une autre filière qui a autant évolué et qui s’est autant modernisée que l’agriculture », Didier Guillaume a rappelé la nécessité « d’avancer dans des transitions économiques, sociale et agroécologique. »

« Le Mercosur ne rentrera jamais en application »

« Le Mercosur, on ne le votera pas et il ne rentrera jamais en application, on en parle plus, a-t-il affirmé. La France a arrêté les discussions avec le Mercosur, il n’y aura pas de signature de l’accord. » Une déclaration applaudit par la salle mais que la suite du discours semble nuancer : « Je ne pense pas qu’il soit possible de contraindre l’union européenne à réguler ses importations de viande bovine, mais je pense qu’il y a moyen de réguler, d’organiser, voire de réorienter et c’est dans cette direction que j’essayerai de m’engager. »

 

Le ministre a finalement résumé sa feuille de route en trois objectifs : s’assurer dans les années qui viennent « que la France continue à être le leader en Europe pour l’élevage », être capable « de convaincre le consommateur français que lorsqu’il achète de la viande française il est sûr de la payer au juste prix et d’avoir la juste qualité » et « que l’on arrête de saigner les éleveurs ».