« Le calcul établit l’indicateur de prix de revient (en l’appliquant par exemple aux chiffres de la conjoncture du second semestre de 2017) à 4,64 €/kg de carcasse (kgc) pour une vache allaitante, 5,08 €/kgc pour une génisse, 4,50 €/kgc pour un jeune bovin et 3,08 €/kilo vif pour un broutard », détaillent la Fédération nationale bovine (FNB), la FNSEA et JA dans un communiqué commun.

Rémunération basée sur 2 Smic

« Intégrant les différents postes de charge et une rémunération de l’éleveur basée sur 2 Smic, ce prix de revient sera mis à jour tous les six mois en suivant les indices Ipampa (indice des prix d’achat des moyens de production agricole) et ajusté tous les ans en fonction du montant des aides touchées par les éleveurs », détaille la Coordination rurale, qui salue également cette avancée.

 

« Ces indicateurs de coût de production ont deux finalités : ils pourront être utilisés comme référence dans les contrats et par les juges, lorsqu’ils seront saisis par des paysans s’estimant lésés par des prix abusivement bas », rappelle la Confédération paysanne.

Culture Viande s’abstient

Après des mois de discussion, les représentants de la section bovine d’Interbev ont validé la méthode de calcul proposée par l’Institut de l’élevage et qualifiée de robuste par le médiateur des relations commerciales. Si la Fédération du commerce et de la distribution s’est finalement ralliée à la majorité, Culture Viande, le syndicat majoritaire des abatteurs, s’est abstenu.

 

« En refusant de se positionner pour tenir compte des coûts de production de leurs adhérents, les principaux abattoirs coopératifs justifient notre position : contrairement à ce qu’affirme Coop de France, l’ordonnance portant sur la coopération de la loi EGAlim, qui soumet les coopératives au mécanisme du prix abusivement bas comme n’importe quel industriel, n’est pas une « aberration », mais une nécessité ! » considère la Confédération paysanne.

Ni dupes, ni naïfs

S’ils la jugent positive, les syndicats relativisent cette avancée. Pour la FNB, « il appartient désormais aux acteurs économiques, dans le cadre de leurs négociations commerciales, de définir la méthode d’élaboration du prix s’appuyant sur cet indicateur pour prendre en compte le prix de revient des éleveurs. »

 

« Nous ne sommes pas dupes de cet accord a minima, souligne la Confédération paysanne. La filière bovine est une filière où les industriels n’acceptent de contractualiser que sur une part infime des volumes, donc ce dispositif sera très peu opérant. Quant à son utilisation pour déterminer si un prix est « abusivement bas », les juges devront aussi tenir compte du prix de marché avant de déterminer si les pratiques des acheteurs sont effectivement abusives… et donc passibles de condamnation ! »

 

« Il serait […] bien naïf de crier victoire, avertit la Coordination rurale. Les membres d’Interbev doivent encore s’accorder sur la manière dont cet indicateur sera diffusé, et surtout discuter de sa pondération par des indicateurs de marché. Cette pondération risque de diluer fortement les coûts de production. De plus, [nous regrettons] que cet indicateur ne soit utilisable que dans les contrats écrits, et qu’aucune réflexion ne soit menée sur la rémunération des éleveurs hors contrat. »