La production de viande s’est heurtée à de nombreuses difficultés ces dernières années et il n’y aura peut-être pas de place pour tout le monde. Dans leur dernier rapport prospectif, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la FAO projettent une production de viande toujours en hausse sur la période de 2024 à 2033. Mais cette progression se fera toutefois à une condition pour les analystes. « Les acteurs du secteur doivent s’efforcer d’accroître leur productivité afin de rester compétitifs. » Pour arriver à cette conclusion, les analystes se sont basés sur les tendances observées ces dernières années. « Les coûts élevés de production, les cadres réglementaires de plus en plus stricts et diverses flambées épidémiques ont posé ces dernières années d’importants problèmes aux producteurs de viande du monde entier ». Les filières devront donc savoir encaisser les chocs « surtout au début de la période » pour assurer cette production. « Les gains de productivité seront le résultat d’une amélioration des taux de reproduction et des modes de gestion des exploitations, associée à une augmentation du poids à l’abattage », tranchent les analystes.

En chiffres, les rédacteurs anticipent une augmentation de 12 % de la production mondiale de viande, avec une « majeure partie de la croissance » en Asie. Des chiffres notamment tirés par la volaille qui va représenter « la moitié du volume total de viande supplémentaire produite dans les dix années à venir », précise le rapport, annonçant une hausse de 19 millions de tonnes supplémentaires sur dix ans.

L’enjeu sanitaire

Comme les dernières années l’ont tristement rappelé, la grippe aviaire reste un élément sur lequel il faut compter. « La densité grandissante des élevages de volaille accroît les risques de maladies (telles que la grippe aviaire hautement pathogène), entraînant également une hausse des coûts supportés par la filière », avertissent les analystes. À l’inverse en porc, ce sont les régions les plus touchées par la peste porcine africaine, à savoir en Asie, qui devraient voir leur production augmenter le plus. « La production de viande porcine devrait-elle s’accroître de 0,5 % par an dans les dix prochaines années. » C’est la transformation des modes d’élevage qui devraient en être le moteur, d’après le rapport. « La conversion des petites exploitations pour une large part, familiales, en grandes entreprises commerciales respectant des normes plus strictes de biosécurité est en cours », assurent l’OCDE et la FAO.

Pour la viande bovine, Chine et Inde devraient observer les plus fortes progressions de leur production. La raison majeure serait la forte modernisation de leurs filières, des élevages à la transformation. D’autres grands producteurs verront en revanche un recul de leur cheptel bovin à court terme comme les États-Unis et le Brésil.

Destination Afrique

Les exportations mondiales des viandes devraient poursuivre leur mue, au détriment de l’Europe. « La part de l’Union européenne dans les exportations mondiales de viande poursuivra sa tendance à la baisse amorcée en 2021, pour tomber à 15 % en 2033 », estiment les analystes. D’autres grands acteurs verront, quant à eux, leurs parts de marché se renforcer. « L’Argentine, l’Australie, le Brésil et la Thaïlande devraient enregistrer les plus fortes augmentations de leurs exportations mondiales de viande, grâce à un taux de change favorable et à la disponibilité des aliments du bétail.

Du côté des importateurs, une région va prendre une place prépondérante dans les dix années à venir. « C’est en Afrique, qui comptera pour 73 % des importations supplémentaires, tous types de viande confondus, que la demande d’importations croîtra le plus vite » prévoient l’OCDE et la FAO.