Avec 1,2 million de poules pondeuses bio pour 485 élevages, la Région Auvergne-Rhône-Alpes compte le troisième plus gros cheptel de l’Hexagone et le plus grand nombre d’éleveurs. En poulets de chair, elle est au troisième rang pour le nombre d’animaux (1,2 million) et d’élevages (161). Or tous ces éleveurs peinent à voir le bout du tunnel. Ils se réunissaient avec des opérateurs de l’amont et l’aval le 9 novembre 2029 dans la Loire pour échanger.
La grande distribution reste le premier lieu d’achat
« En magasin bio, les ventes d’œufs bio se stabilisent après une forte baisse, observe Bastien Boissonier, du Cluster Bio (association régionale d’entreprises de l’aval). Dans les grandes et moyennes surfaces (GMS), où l’on raisonne en rentabilité du mètre linéaire de rayon, l’offre issue de l’agriculture biologique diminue, les ventes baissent, et l’offre diminue encore… Or, la GMS reste le premier lieu d’achat, car elle est moins chère, même si les prix y ont plus augmenté qu’en magasin spécialisé. » Même constat en poulet de chair.
La concurrence d’autres labels se voit dans les ventes du premier semestre de 2023 : –14 % pour l’œuf bio, +14 % pour le plein-air. Et le poulet bio déserte les rayons de la grande distribution, tandis que le label rouge, dont les prix ont moins augmenté, reste bien présent. Un éleveur intervient : « La concurrence du poulet de plein air est pire car l’utilisation de souches différentes permet de gagner 30 % en rendement. » Mais la législation sur les labels restreint le choix des souches et limite le GMQ. La seule arme du bio est la communication. « Il faut réexpliquer nos valeurs », affirme toute la filière à l’unisson, tout en sachant qu’à la fin « c’est le portefeuille qui décide ».
Des réglementations « parfois pesante »
D’autres freins sont évoqués. Les poulettes bio sont plus rares et plus chères à cause du nouveau règlement européen. Les outils d’abattage et la réglementation sanitaire sont parfois inadaptés pour les ateliers de petite taille, majoritaires dans la région. Et la loi Egalim, souvent invoquée, se heurte à la réalité : difficile de structurer des filières d’approvisionnement des cantines. Un éleveur ose lever le tabou de l’abattage rituel, interdit sous le label bio : « Il y a toute une frange de la population prête à payer pour une viande de qualité. »