Au 77e congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPFruits), qui s’est tenu les 15 et 16 février à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales, Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher n’ont pas eu besoin de rédiger de discours. Ils ont en revanche dû préparer leurs dossiers pour répondre avec précision aux questions des arboriculteurs. Neuf d’entre eux, venus de différentes régions, ont pointé tour à tour :

  • Les incohérences de l’arrêté abeilles ;
  • Les contrôles inadaptés de l’OFB ;
  • La réglementation changeante sur les emballages des fruits et légumes ;
  • Le manque de moyens pour l’épidémiosurveillance et la recherche sur la lutte contre la drosophile ;
  • La nécessité de sécuriser le chiffre d’affaires avec une assurance climatique adaptée.
Les deux ministres chargés de l'Agriculture, Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher, ont été interpelés par des arboriculteurs lors du congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits le 15 février 2024. (©  Frédérique Ehrhard)

Autre thème essentiel abordé, l’harmonisation des réglementations sur les produits phytosanitaires au sein de l’Union européenne. « Défendez toutes les matières actives tant qu’il n’y a pas d’alternative. Nous allons perdre la dernière à être efficace contre les pucerons, alors que les Italiens et les Espagnols en ont encore trois », a dénoncé Françoise Roch, présidente de la FNPFruits. Luc Barbier, le secrétaire général, a demandé aux deux ministres pourquoi la France n’appliquait pas le principe de la reconnaissance mutuelle des homologations. « Lorsqu’un nouveau produit arrive, les producteurs des autres pays en bénéficient avant nous. Utilisons ce qu’il y a de bien dans l’Union européenne ! », a-t-il lancé.

Pas de souveraineté sans compétitivité

L’emploi est également central dans un secteur où la main-d’œuvre représente la moitié des coûts. Recruter reste très difficile. Et sans allègement des charges sociales, il n’est pas possible d’être compétitif et donc de restaurer une souveraineté alimentaire.

L’enjeu est le même pour l’accès à l’eau. Les producteurs des Pyrénées-Orientales, qui subissent une forte sécheresse depuis deux ans, l’ont bien touché du doigt. Là où ils n’ont pas pu arroser leurs vergers l’été dernier, les arbres sont morts. Des projets existent pour améliorer le maillage des réseaux de canaux ou encore constituer de nouveaux stockages d’eau afin de sécuriser l’irrigation. Mais encore faut-il que ceux-ci aboutissent. « Si un projet doit se faire, il faut que cela soit rapide, sinon c’est la vie économique qui est bloquée », a reconnu Marc Fesneau, qui a souligné que la loi sur l’eau avait été adoptée à un moment où on ne parlait pas du dérèglement climatique. Sur ce thème, il reste à concilier les points de vue du ministère de l’Agriculture et ceux du ministère de la Transition écologique, qui met le pied sur le frein dès qu’il est question de stocker de l’eau.