« Produire des pommes de terre, c’est jamais facile ! » Le communiqué de presse diffusé ce 5 février 2024 par le North-West European Potato Growers Group (NEPG) plante le décor. L’organisation qui rassemble les producteurs de pommes de terre d’Allemagne, de Belgique, de France et des Pays-Bas, fait état de perspectives délicates pour la campagne de 2024.

Alors que le bilan de la production européenne de pommes de terre de conservation en 2023 est en hausse (+5,1 %), le groupe de pays producteurs souligne un contexte de plus en plus compliqué : des conditions climatiques difficiles, une forte pression des maladies et l’augmentation des coûts. La saison de culture 2024 présente d’ores et déjà « de grands défis » annonce le NEPG, à commencer par une offre réduite de plants.

Des risques toujours plus importants

Le NEPG estime qu'« une prime de risque plus importante qu’auparavant sera nécessaire » pour les producteurs. Dans son communiqué, il fait état de coûts de production plus élevés et de risques « toujours plus importants », qui même par les meilleures conditions contractuelles ne sont pas compensés. Ainsi, de nombreux producteurs se retrouvent face à la question suivante : « Quelle superficie doit être plantée dans les conditions actuelles du marché ? »

La disponibilité en plants de pommes de terre préoccupe particulièrement les producteurs. « On ne sait pas quel volume sera disponible pour les variétés utilisées. Il est clair que les plants seront beaucoup plus chers, tout en ayant des inquiétudes concernant la qualité des plants (quand il est coupé) », précise le groupement dans son communiqué.

Selon le groupe, il y aura davantage de plants coupés, en particulier pour les calibres moyens (45-55 mm), une situation inhabituelle, qui n’est pas sans conséquence sur le rendement potentiel dans les champs.

Moins de plants, et des plants généralement liés aux contrats en raison de leur faible disponibilité, seront synonymes d’une baisse du volume de pommes de terre disponible sur le marché libre, prévoit le NEPG. Les surfaces seront probablement insuffisantes pour répondre aux besoins en pommes de terre, alors que « l’industrie de la transformation a toujours des besoins grandissants ».

Ces inquiétudes avaient déjà été exprimées le 16 janvier 2024 lors du dernier congrès de l’Union nationale de producteurs de pommes de terre (UNPT) en France.

Hausse de la production en 2023, disparités entre pays

L’année 2023 a été marquée par des conditions climatiques difficiles, un automne et un début d’hiver extrêmement humides, qui ont entraîné des dégâts dans de nombreux champs. Des pertes que le NEPG avait anticipées et signalées en novembre 2023. Atteignant 22,7 millions de tonnes, la production de pommes de terre est tout de même en hausse de 5,1 % par rapport à l’année 2022, dans la zone NEPG. Ce niveau est presque égal à celui de la moyenne quinquennale, établi à 22,1 millions de tonnes.

Les surfaces de cultures ont augmenté de 2 % sur un an, représentant 519 583 hectares au total. Les rendements moyens ont aussi progressé, passant à 43,7 tonnes par hectare dans la zone NEPG (+1,4 % sur un an). Cependant, le NEPG tient à souligner les 11 000 hectares « définitivement irrécupérables », et un minimum de 650 000 tonnes de pommes de terre perdues, dans les champs ou après la récolte, conséquence des intempéries de fin d’année.

Les chiffres sont à nuancer selon les pays producteurs, où de grosses disparités sont constatées. Les surfaces ont légèrement augmenté en France (+2,2 %) et en Allemagne (+0,4 %), pour des volumes en hausse : respectivement +12,9 % et +2,1 %.

En Belgique, les agriculteurs ont subi « des pertes dramatiques », mais un meilleur rendement moyen associé à une augmentation de 7,9 % de la superficie cultivée permet de faire grimper la production (+18 %). En revanche, aux Pays-Bas, le rendement moyen et les superficies cultivées sont en baisse, faisant chuter la production du pays (–14,9 % sur un an).