« Comparativement à avril, le bilan céréalier européen montre des évolutions principalement sur les échanges », a indiqué Clémence Lenoir, chargée d’études économiques sur les grandes cultures chez FranceAgriMer, lors d'une conférence de presse du 15 juin 2023, à l'issue du conseil spécialisé des grandes cultures.

Concernant le blé tendre, les importations grimpent de 6 %, à 8,5 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de près de 204 % par rapport à la campagne de 2021-2022. Pour l’orge, les importations ont été modifiées par rapport au bilan d’avril et passent à 2 millions de tonnes pour 2022-2023. Celles de maïs s’affichent en très forte hausse (+60 %) par rapport au rythme de la même période l’an passé (données Taxud de la Commission européenne du 13 juin 2023). Elles proviennent à 56,3 % de l’Ukraine et à 31,8 % du Brésil.

Hausse des exportations de blés européens

Par rapport au bilan d’avril, les exportations de céréales européennes ont été revues à la hausse de 1,1 %, à 44,7 millions de tonnes. Ainsi pour le maïs, elles sont en augmentation de presque 17 % à 3,5 millions de tonnes, ce qui reste tout de même moitié moins que lors de la précédente campagne. En cette cinquantième semaine de campagne, celles d’orge s’élèvent à 9,2 millions de tonnes, en baisse de 6 % par rapport au rythme de la campagne précédente (données Taxud du 13 juin 2023). Les principaux pays de destination restent la Chine et l’Arabie saoudite.

Quant aux exportations de blé tendre (grain et farine), elles s’affichent à 30,4 millions de tonnes, en hausse de 13 % par rapport à la même période l’an passé. Le blé européen part principalement à destination du Maroc (15,6 %) et vers l’Algérie (13,6 %).

Bilan français

FranceAgriMer a, de plus, signalé quelques évolutions sur 2022-2023 au sujet du bilan français de blé tendre avec une collecte en hausse de 46 000 tonnes, à 31,067 millions de tonnes. Les utilisations domestiques sont en légère diminution avec notamment des baisses pour l’amidonnerie/glutennerie mais aussi pour la panification. Comme acté le mois précédent, les exportations de grains baissent de 100 000 tonnes vers les pays tiers et légèrement vers l’Union européenne. Le stock final est en hausse de 164 000 tonnes, à 2,886 millions de tonnes.

La collecte de blé dur est, quant à elle, revue à la hausse de 9 000 tonnes. Les exportations de grains vers les pays tiers et Union européenne sont en baisse et le stock final se détend de 13 000 tonnes, à 91 000 tonnes. « Néanmoins, cette détente est relative et les stocks restent très tendus par rapport à l’historique », alerte FranceAgriMer.

Ralentissement de la FAB

En juin, la collecte française de maïs pour 2022-2023 est légèrement en hausse et les importations en baisse (–50 000 tonnes). Au niveau de l’amidonnerie, on note une baisse de 35 000 tonnes. Comparées aux autres céréales, les exportations sont toutefois revues à la hausse de 10 000 tonnes vers les pays tiers et de 20 000 tonnes vers l’Union européenne (Benelux et Italie). Le stock final est en baisse de 35 000 tonnes à 2,110 millions de tonnes.

L’utilisation domestique des orges est revue à la baisse notamment sur le poste de la fabrication d’aliments pour animaux. Les exportations de grains sont en baisse vers les pays tiers et l’Union européenne, en lien avec une fin de campagne marquée par le ralentissement de la demande. Les exportations de malt sont, elles aussi, en diminution. Le stock final se détend de 143 000 tonnes, à 1,258 millions de tonnes (+16 % par rapport à l’an passé).

Les prévisions de consommation animale et de fabrication d’aliments pour animaux pour cette fin de campagne ralentissent au regard du réalisé, revu à la baisse notamment pour les orges de 50 000 tonnes à 1,15 million de tonnes et d’un statut quo pour le blé, le maïs et les céréales secondaires. « La situation sera largement dépendante des évolutions liées à la grippe aviaire dans les prochains mois malgré un léger rebond de la demande pour la volaille », complète FranceAgriMer.

Différence entre CIC et USDA

Au niveau mondial, FranceAgriMer relève par ailleurs une prévision de stock de report pour 2023-2024 par le CIC (Conseil international des céréales) au 8 mai 2023 à 272 millions de tonnes, comparativement aux 314 millions de tonnes de l’USDA au 9 juin 2023. « Le dernier rapport de l’USDA n’intègre peut-être pas toutes les conséquences du phénomène El Niño, avec notamment une surestimation de la production de maïs au Brésil. Encore difficile à quantifier, l’impact de la destruction du barrage en Ukraine n’a pas non plus été pris en compte dans le dernier rapport de l’USDA. Les bilans mondiaux pourraient donc être ajustés les mois prochains », a jugé Paul Le Bideau, adjoint au chef de l’unité des grains et du sucre chez FranceAgriMer.