Lundi 27 mars à Égreville, en Seine-et-Marne, un drone survole une parcelle de 23 ha de blé semences, au stade épi 1 cm. Alexandre Villette, installé depuis un an avec son frère sur l’exploitation familiale de 250 ha, explique la démarche : « Nous voulions adapter la fertilisation azotée selon les précédents et le potentiel de chaque parcelle, d’autant que nous sommes engagés, pour cinq ans, dans une mesure agroenvironnementale de réduction d’intrants, azote et IFT, sur 170 hectares. Grâce aux cartes de modulation intraparcellaire précises au m², certifiées par le Comifer, et reçues le lendemain du passage du drone, nous ajustons les apports au plus près des besoins et réalisons des économies. »

Adapter la dose

Même si l’épandeur à engrais équipé de la modulation, commandé par les exploitants, n’a finalement pas été livré à temps, ils peuvent néanmoins adapter manuellement la dose apportée grâce à une application sur leur smartphone. « Les cartes définissent cinq zones au maximum sur la parcelle et à chaque changement de secteur, je fais varier la vitesse du tracteur ou le pourcentage de la dose moyenne épandue », explique Alexandre qui vise un rendement de 90 à 95 q/ha en blé.

« J’ai déjà apporté 185 unités dont 95 unités en deux passages autour du 20 mars, précise l’agriculteur qui pensait apporter 20 à 30 unités supplémentaires. Finalement, la carte de biomasse montre que la céréale, qui se porte bien, n’a pas encore absorbé la totalité des apports de mars. Je ne vais donc pas faire de complément finalement, à moins d’un décrochage en fin de cycle, d’autant que la production de semences est moins exigeante concernant la teneur en protéines. »

« À 30 km/h, à une hauteur de 120 m »

En blé, la dose d’azote préconisée est calculée selon la quantité d’engrais déjà absorbée et celle de matière sèche, elle-même évaluée selon la variété, le type de sol, la date de semis, le précédent, le stade du blé et les différentes valeurs de réflectance fournies par les images du drone. « Le drone qui vole à 30 km/h, à une hauteur de 120 m, prend six photos toutes les deux secondes, explique Alan Usseglio Viretta, président d’Exo.expert, une sert à repérer les trous de semis, les dégâts de cultures… et les cinq autres correspondent chacune à un spectre invisible de réflectance (lumière reflétée par le feuillage) qui sont traduites en éléments agronomiques comme la densité foliaire. » Timothée Craig, directeur commercial et pilote du drone précise : « Je transfère les photos prises sur mon PC portable et les cartes de biomasse et de préconisation se génèrent grâce à notre appli, rapidement sans connexion internet. »

Alexandre Villette avait déjà testé ce service sur 50 ha de colza. Le drone était passé en novembre 2022 et à la fin de janvier 2023 afin de mesurer l’azote absorbé selon la quantité de biomasse en entrée et sortie d’hiver. « Il y avait des écarts de préconisation du simple ou double entre les zones, se rappelle Alexandre Villette. En précédent pois, le conseil moyen indiquait 80 u/ha (certaines zones étaient même à 0), contre 190 u en précédent orge. Au final, en moyenne, j’ai épandu 160 u, soit moins que les 180 u que j’avais prévu. En économisant 20 u, au coût moyen de 1,50 €/u, soit 30 €/ha, j’ai rentabilisé le coût de la prestation de 12 €/ha. »