C’est avec inquiétude qu’elle était attendue. Le sérotype 3 de la FCO (FCO 3) a officiellement passé la frontière franco-belge le 7 août 2024. Déjà, avec l’apparition de la maladie à Chimay, dans la province belge de Hainaut, une zone régulée avait été mise en place en France le 2 août.

Les foyers se multiplient

Le virus a continué à gagner du terrain et les foyers se comptent maintenant par dizaines, dans le nord et l’est de la France. Cette situation implique des conséquences sur la vie des élevages : restrictions de déplacements pour les animaux et protocoles de vaccination.

La FCO n’est pas contagieuse d’un animal à un autre. Elle est transmise par les culicoïdes, une famille de moucherons piqueurs. La plateforme Esa (Épidémiosurveillance santé animale) révèle que « l’œuf et la nymphe de ces insectes se développent dans des substrats humides, riches en matière organique d’origine végétale ou animale ».

Une météo favorable

Les larves peuvent donc se trouver dans des habitats variés : boue, bouses, litières humides, végétaux en décomposition… Cela « permet à cette espèce d’être présente dans presque tous les milieux […], quel que soit le type de sol, du niveau de la mer à plus de 2 000 mètres d’altitude, en pleine forêt ou dans des habitats anthropisés comme les élevages », commente l’Esa.

Une météo humide et chaude est propice aux culicoïdes. « C’est la raison pour laquelle les températures élevées de ces dernières semaines ont été favorables à l’épidémie », explique Guillaume Henniaux, éleveur de vaches allaitantes à Forest-en-Cambrésis (Nord). Il raconte que des pics de chaleur soudains, parfois proches des 40 ° C, inhabituels dans la région, ont semé la confusion début août. « Les animaux étaient mal, les éleveurs ont pris pour les conséquences de la chaleur ce qui était en réalité les premiers symptômes de la FCO. » Cela explique que certains des premiers foyers aient échappé au recensement.

Chez les bovins, l’éleveur observe que les vaches blanches sont plus touchées que les autres. Les symptômes sont classiques : baisse de production laitière et amaigrissement, auxquels s’ajoutent des gerçures sur le mufle. La mortalité est rare. Guillaume Henniaux n’a pas constaté d’effet des anti-inflammatoires sur la maladie. Il a en revanche noté que l’abreuvement était fondamental dans son évolution.

Les éleveurs bovins ne semblent pas, pour l'instant, se précipiter sur les vaccins en zone régulée. « Étant donné le délai d’action, il aurait fallu les proposer plus tôt, déplore Guillaume Henniaux. Maintenant, c’est trop tard. On devrait cibler les élevages qui ne sont pas encore touchés. » Il y a plus de mortalité chez les ovins. Même s’il est trop tôt pour avoir des chiffres en France, une étude réalisée aux Pays-Bas par le Royal GD (l’équivalent du GDS), en septembre et octobre 2023, évoque 25 % de mortalité.

Des restrictions de mouvements

En cas d’épizootie, la réglementation européenne prévoit la mise en place d’une zone régulée dans un périmètre de 150 kilomètres autour des foyers épidémiques. En France, elle a été instaurée dès le 2 août. Elle est révisée tous les vendredis. Au sein de cette zone, les mouvements sont libres. Ils sont en revanche restreints vers le reste du territoire. Pour être autorisés à en sortir, les animaux doivent subir une désinsectisation dans les deux semaines précédant leur départ et avoir un test PCR négatif.

Le vétérinaire qui réalise les tests est rémunéré par Direction départementale de la protection des populations. Pour les échanges intra-européens, les transports pourront se poursuivre vers les États membres acceptant la désinsectisation et le test PCR négatif. Pour les autres pays n’acceptant que les animaux vaccinés (par exemple l’Espagne), ils sont suspendus.

Dans le cas d’un envoi direct vers un abattoir avec abattage dans les vingt-quatre heures suivant l’arrivée, les animaux sont dispensés de ces mesures. Ceux qui sont âgés de moins de 70 jours peuvent rejoindre un atelier d’engraissement en bâtiment fermé situé dans la zone indemne.

De même pour les veaux laitiers orientés vers les centres de rassemblement situés en zone indemne. Pour cela, ils doivent « être préalablement désinsectisés, décrit le ministère. Les animaux sont destinés uniquement à une exploitation d’engraissement en bâtiments fermés, qui aura été désinsectisé avant leur arrivée. »

Il est enfin à noter que la réglementation est revue régulièrement pour s’adapter à l’évolution de l’épidémie. Les éleveurs sont invités à se rapprocher de leur vétérinaire pour les détails.

Vacciner pour diminuer l’impact des symptômes

En matière de vaccination, une zone a été définie dans laquelle les vaccins sont pris en charge par l’État. Elle concerne les régions Hauts-de-France, Grand Est, Normandie, Île-de-France, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté. C’est le vétérinaire sanitaire qui commande les doses, mais la vaccination peut être réalisée par l’éleveur.

Cette démarche n’est pas obligatoire et GDS France rappelle qu’« au vu des données scientifiques actuelles, les vaccins contre la FCO 3 ne permettent pas d’empêcher la virémie. Ils ne garantissent donc pas qu’un animal vacciné ne soit pas infecté et source de contamination pour les autres. C’est pourquoi, à ce stade, ils ne peuvent pas être utilisés dans le cadre des mouvements vers d’autres pays. » Il est néanmoins fortement conseillé de vacciner, parce que cela diminue la gravité des symptômes et la mortalité.