Quels sont les effets du sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine (FCO — BTV3) dans les élevages ? Le virus vient d’arriver en France, en provenance des Pays-Bas, via la Belgique. Chez nos voisins belges, il est présent depuis octobre 2023 mais il y a eu peu de cas au cours de l’hiver et du printemps.

« L’épidémie ne « flambe » que depuis une quinzaine de jours », précise Philippe Houdart, directeur de la cellule de crise FCO au sein de l’Afsca (1), à Bruxelles. Nos confrères de la Libre Belgique font état de 56 foyers dans le pays le 25 juillet 2024, 194 le 5 août, 222 le 6 août… Hier, le 8 août, les autorités sanitaires belges recensaient 308 foyers de la maladie de la langue bleue, selon l’AFP.

« Il est cependant trop tôt pour faire un état des lieux des conséquences sur les élevages », estime Philippe Houdart. Aux Pays-Bas, en revanche, la FCO 3 touche de nombreux élevages depuis septembre 2023. Un premier panorama des conséquences de l’épidémie a pu être dressé par le Royal GD (l’équivalent du GDS). Cette étude a été diffusée dans une version française le 30 juillet par GDS France.

37 000 ovins morts en deux mois

La mortalité dans les élevages, ainsi que les chiffres de production, ont été étudiés entre le 4 septembre et le 31 octobre 2023. Les résultats ont été comparés aux données de la même période des années précédentes.

Chez les ovins, 37 000 animaux supplémentaires sont morts durant les deux mois concernés, par comparaison avec la même période des années précédentes. La maladie touche davantage les adultes que les agneaux.

Dans les élevages ovins professionnels infectés depuis au moins six semaines, en moyenne 25 % des animaux sont morts. Et à l’échelle du pays, c’est 8 à 10 % de cheptel ovin qui est mort entre septembre et octobre 2023. Il n’y a en revanche pas de surmortalité chez les caprins.

Baisse de production laitière chez les bovins

Chez les bovins laitiers, la maladie provoque une diminution de la production. Le rapport du Royal GD montre que plus l’épidémie est forte, plus la baisse est importante. Elle est d’en moyenne un kilo par vache et par jour, sur une durée de 9 à 10 semaines.

La mortalité est plus importante chez les bovins adultes que chez ceux de moins de deux ans. Elle est aussi plus importante dans les cheptels laitiers.

Dans les exploitations où un cas de FCO 3 a été signalé, la mortalité des bovins adultes était jusqu’à 3,5 fois plus élevée qu’à la même période les années précédentes. Elle reste en outre plus élevée jusqu’à 10 semaines après sa survenue.

La vaccination pourrait changer la donne

« Ce qui est nouveau, c’est que maintenant, il existe un vaccin, souligne Philippe Houdart. Et même s’il n’empêche pas les animaux de tomber malades, il atténue les symptômes et la mortalité. »

En Belgique, comme en France, des stocks suffisants ont été commandés et les éleveurs ont commencé à vacciner. Une démarche qui n’est pas obligatoire, mais fortement recommandée.

« Les éleveurs qui se souviennent de l’épidémie d’il y a 15 ans n’hésitent pas, remarque Philippe Houdart. Quant aux autres, la forte progression de la maladie ces jours-ci devrait les persuader de son intérêt. »

(1) Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire