Depuis une dizaine d’années, l’Italie augmente sa production d’énergie photovoltaïque, atteignant en 2022, 28 TWh (correspondant à 25 GW). Environ 42 000 exploitations agricoles (source : GSE 2022) produisent 10 % de cette énergie. Sachant qu’en 2022-2023, 20 000 fermes ont sollicité des subventions à l’installation de panneaux. Par comparaison, la production française s’élevait à 13,6 TWh (correspondant à 10 GW), en 2020 et seulement 11 000 fermes étaient équipées, selon l’Ademe.

La commodité des implantations de panneaux au sol a provoqué dans le sud de l’Italie, une forte tension foncière, multipliant par trois le prix des terres. Roberta Apili, du syndicat Confagricultura, rappelle que les politiques en faveur et défaveur de la production photovoltaïque au sol ont beaucoup varié ces dernières années : « En 2010, il n’y avait plus de subventions pour les projets au sol, mais l’an dernier elles avaient été réintroduites. »

Un décret pour encadrer

Le décret-loi du 6 mai dernier vient de mettre un terme à ces errements en statuant sur l’interdiction d’installer de nouveaux équipements photovoltaïques au sol et d’agrandir ceux existants, dans les zones classées agricoles au PLU. Toutefois, plusieurs exceptions à cette interdiction demeurent possibles : les projets financés dans le cadre du plan national de relance et de résilience, les implantations agrivoltaïques (activités agricoles et production d’énergie combinées), les carrières, les mines, le domaine ferroviaire, aéroportuaires et le long des autoroutes.

Les trois syndicats agricoles se déclarent satisfaits de cet éclaircissement. La Coldiretti, le syndicat majoritaire, salue la mesure qui mettra un terme aux spéculations foncières des grands fonds d’investissement, qu’elle dénonçait depuis plus d’un an. Une étude de la Coldiretti – jeunes affirme que si 10 % des bâtiments italiens, étaient équipés, 59 à 77 GW pourraient être produits, ce qui correspond à l’objectif 2030 du plan national intégré Énergie et Climat qui prévoit 52 GW supplémentaires d’origine solaire.

Coexistence non précisée

La Confagricultura, second syndicat, apprécie l’équilibre trouvé et la reconnaissance du rôle de l’entreprise agricole dans la production d’énergies renouvelables. L’implantation de panneaux surélevés (1) reste possible et même subventionnée, à condition d’être développée par un agriculteur concomitamment à son activité agricole.

Alberto Mazzoni, membre de Confagricultura, considère « qu’il ne faut pas priver un agriculteur de cette source de revenus, ni de l’économie d’énergie qu’il pourrait faire en consacrant une partie de sa surface à la production électrique. Pas plus que des bénéfices agronomiques pour certaines productions. » Confagricultura souhaiterait que dans la limite de mégawatt ou d’une production totalement autoconsommée, les panneaux au sol soient autorisés.

À ce jour, il n’existe aucune précision sur l’importance de l’activité agricole, la garantie de la réversibilité, le maintien d’un couvert végétal, ou les voies d’accès.

(1) 2,1 m et 1,3 m en cas d’élevage.