Ettore Prandini, le président du principal syndicat agricole Coldiretti, résume l’accord Etat-Région de la Pac comme un « compromis entre les durabilités économiques, environnementale et sociale. Le plan comprend d’importantes nouveautés comme l’augmentation des financements pour les jeunes, l’amplification des aides bio, le souci des productions stratégiques et le principe d’une conditionnalité sociale ». En production animale, les paiements couplés sont toujours attribués aux bovins, ovins, vaches et bufflonnes laitières, et en productions végétales aux blé dur, protéagineux, riz, agrumes, betteraves, tomate, soja, légumineuses et huile d’olive (AOC et IGP).

Renforcement du soutien aux JA

En 15 ans, le budget jeune a été multiplié par dix, soit environ 900 millions d’euros pour la période. L’Italie a choisi de transférer 36,2 millions d’euros du premier pilier au second pour accentuer cette politique qui porte depuis une décennie ses fruits, puisque le taux de renouvellement atteint 99 %. À la DJA s’ajoute une majoration de 83,50 € du DPB dans la limite de 90 hectares, durant 5 ans.

Le paiement redistributif est aussi revu, avec 81 € pour les 14 premiers hectares des fermes de plus de 0,5 hectare et de moins de 50 hectares.

Verdissement

L’Italie maintient son cap de 25 % des surfaces certifiées bio en 2027, grâce à un budget de 2 milliards d’euros pour la période. Les 4,4 milliards d’euros des écorégimes sont destinés au bien-être animal, à la réduction d’antibiotiques, aux pollinisateurs, à l’enherbement des cultures pérennes, à la sauvegarde des oliviers de valeur paysagère, aux systèmes fourragers extensifs.

Fonds mutuel climatique

Le grand absent de cette programmation est pourtant le principal enjeu qu’affrontent les agriculteurs italiens : le changement climatique. Tout au plus, la programmation prévoit la création du fonds mutuel AgriCat qui couvrira gel, sécheresse, inondations. Il sera alimenté par un prélèvement de 3 % sur les aides du premier pilier auquel l’État ajoute 260 millions d’euros par an. Mais Maria Chiara Zaganelli, directrice d’Ismea (équivalent de l’ASP), appelle surtout à « un changement des pratiques agricoles », car il ne couvrira pas les 6 milliards d’euros de dommages climatiques de l’année dernière par exemple.

Conditionnalité sociale

L’Italie, comme la France, anticipe la conditionnalité sociale, qui deviendra obligatoire dans toute l’Europe en 2025. Entre les pratiques mafieuses et la forte présence de main-d’œuvre étrangère clandestine, le secteur agricole emploie aisément des saisonniers illégaux. Il est donc prévu, selon les infractions — emploi non déclaré, mais aussi absence de sécurité sur les lieux de travail, etc. — le non-versement total ou partiel des aides Pac. Encore faut-il des contrôleurs sur le terrain.