Trois ateliers se complètent : les légumes à destination de l’industrie, les grandes cultures et le porc. La production y est conventionnelle, sans prairie. Pourtant l’exploitation de Sylvain Hascoët, à Caudan (Morbihan), est bien certifiée Haute valeur environnementale (HVE) depuis 2021. « C’est possible », encourage le jeune agriculteur, fier de « montrer une bonne image de l’agriculture bretonne ».
Avant son installation en 2012, l’exploitation était déjà pilote en matière de produits phytosanitaires. Sylvain Hascoët a poursuivi dans ce sens. Il s’est ouvert à d’autres façons de travailler, s’est investi dans des groupes d’agriculteurs et a établi un partenariat avec un apiculteur, le poussant de plus en plus loin dans une démarche vertueuse pour l’environnement.
Pour rester performant dans les années à venir et contenir au mieux les coûts dans un contexte de flambée des prix des intrants, l’exploitant, qui, à 39 ans, travaille seul sur l’exploitation, investit dès qu’il le peut dans du matériel plus performant. Un tracteur équipé de GPS il y a cinq ans, ou plus récemment un distributeur à engrais avec cartographie Farmstar. Avec à la clé, économie de semences, d’engrais, d’herbicides, d’eau… Et de temps ! « Des outils existent pour prendre les bonnes décisions », remarque Sylvain.

Économie d’intrants
Dernière innovation utilisée cette année par l’agriculteur breton, le robot Ecorobotix et sa rampe ARA qui ont permis de réduire de 74 % l’utilisation d’herbicides sur sa culture de panais. « Un outil impressionnant qui cible uniquement l’adventice », explique l’agriculteur, adhérent d’Eureden. Cette coopérative obtient en effet des résultats très probants sur haricots à grande échelle et cherche à adapter Ecorobotix à d’autres cultures (lire l'encadré).
Sylvain aimerait par exemple essayer l’outil sur persil l’an prochain, cette culture étant compliquée en termes de désherbage. « Le tri mécanique est compliqué à l’usine. Et avec la disparition de molécules de désherbage, on va devoir passer manuellement avec des équipes de saisonniers », anticipe l’agriculteur.
Autre exemple : Sylvain est passé depuis plusieurs années de trois fongicides systématiques sur haricots à seulement un passage, voire deux pour les semis les plus tardifs, grâce à l’outil d’aide à la décision Scan Bean (Syngenta) qui fournit un seuil d’intervention. La lutte contre le sclérotinia est complétée par l’utilisation d’un produit de biocontrôle, le Lalstop contans.
Enfin, pour limiter la propagation des maladies, l’agriculteur compte aussi allonger la rotation à six ou sept ans grâce à l’acquisition récente de 35 hectares supplémentaires. Binage, biocontrôle, faux semis… 80 % des surfaces de l’exploitation sont concernées par au moins une technique alternative aux produits phytosanitaires.

L’irrigation n’est pas en reste : pas de prélèvement en période d’étiage, une régulation électronique des enrouleurs et une gestion optimisée sur les cultures les plus exigeantes en eau grâce à l’acquisition récente de deux sondes Sentek. Quant à la fertilisation, elle est en partie organique avec le lisier de porc valorisé sur céréales.
Une des parcelles de l’exploitation accueille vingt-cinq ruches en bord de champ. Malgré le stress qu’il a ressenti au début, « la cohabitation se passe très bien depuis huit ans », se réjouit Sylvain, avec pour seul changement, des traitements réalisés exclusivement la nuit sur les cultures à proximité. « On a observé que les abeilles rentraient vers 22 h. Le produit a toute la nuit pour être absorbé. » Puis l’agriculteur a installé des jachères mellifères pour favoriser la biodiversité. Et mis en place nichoir à rapaces et perchoir dans les épinards.
Une cinquantaine de producteurs de légumes d’Eureden sont comme lui engagés dans cette démarche HVE. La coopérative les aide, par des outils ou par des aides financières, à réduire les intrants, améliorer la biodiversité, mieux gérer l’eau… Outre le crédit d’impôt dont il bénéficie pour cette certification, Sylvain en retire une meilleure valorisation des légumes commercialisés dans la gamme D’Aucy Bien Cultivés.
Un juste retour pour tous les efforts entrepris et sur lesquels il n’hésite pas à communiquer, à titre personnel ou en tant qu’ambassadeur pour D’Aucy, lorsqu’il accueille visiteurs, voisins ou acheteurs sur sa ferme.