En ouvrant leur dossier Pac cette année, 330 éleveurs de la Lozère ont eu la surprise de découvrir qu’une partie de leurs parcelles avaient été classées en prairies sensibles depuis le 1er janvier, sans qu’ils aient été prévenus. « Nous avons obtenu que ceux qui avaient déjà labouré ces surfaces ne soient pas pénalisés. Mais ils devront les remettre en herbe dès 2024 et ne plus travailler le sol à l’avenir », note Jean-François Maurin, président de la FDSEA, syndicat mobilisé sur ce thème aux côtés de JA (Jeunes Agriculteurs).

Pour une écologie de terrain

24 000 hectares sont ainsi mis sous cloche sur l’Aubrac et 3 300 hectares sur le causse de Sauveterre. « En réduisant nos surfaces cultivables en prairies temporaires et en céréales, ce classement réduit aussi nos capacités à faire face aux sécheresses récurrentes et à préserver notre autonomie fourragère », dénonce Jacques Paradan, qui élève en Gaec 500 brebis laitières sur ce causse.

« Sans pouvoir labourer et ressemer, comment allons-nous faire lorsque la production de ces prairies sensibles se dégradera à cause de la sécheresse ou des rats taupiers, comme en 2022 ? Dans nos sols, le sursemis ne donne pas de bons résultats », relève de son côté David Domenichini, éleveur de bovins sur l’Aubrac. Cette contrainte réduit également le choix des parcelles où planter des pommes de terre. « Nous avons besoin de faire des rotations avec des prairies. Cela va freiner le développement de notre filière locale Pépites de l’Aubrac », redoute-t-il.

Ce classement arbitraire, fait depuis Paris, concerne des communes entières. « De vieilles prairies de dactyle, par exemple, ont été classées alors que leur biodiversité est faible, relève Hervé Boudon, président de JA Lozère. Nous sommes d’accord pour protéger celle-ci, mais pas en faisant de l’écologie de bureau. Venez sur le terrain et choisissons ensemble les zones à préserver », propose-t-il à l’Administration.