Embarquer 100 % de ses 9 000 adhérents coopérateurs dans la voie de la décarbonation : voilà l’objectif de Cristal Union, qui a officiellement lancé, le 10 décembre 2025, son nouveau programme « Cristal Vision empreinte zéro ».

Cristal Union et MyeasyFarm ont lancé le programme « Cristal Vision empreinte zéro » le 10 décembre 2025. De gauche à droite : Thomas Fleiter, responsable de la décarbonation agricole de Cristal Union ; William Huet, directeur agricole de Cristal Union ; Xavier Astolfi, directeur général de Cristal Union ; François Thierart, cofondateur de MyeasyFarm. (©  Hélène Parisot/GFA)

Pour réduire efficacement l’empreinte carbone de la filière de la betterave, il est plus efficace « d’emmener 9 000 agriculteurs à franchir une marche à la fois, plutôt que d’en faire une petite sélection de 400 ou 500 que l’on fait progresser très vite », déclare William Huet, directeur agricole de Cristal Union. L’objectif du groupe est d’atteindre une réduction des émissions de gaz à effet de serre des betteraves de ses adhérents d'au moins 27,5 % entre 2019 et 2030.

Des primes à la tonne de betteraves

Cette démarche s’appuie sur un accompagnement technique, et un accompagnement financier. La prime proposée, qui sera versée tous les ans aux agriculteurs éligibles, est calculée de cette manière :

  • 0,5 €/t de betterave à 16° si les émissions se situent entre 25 et 30 kg CO2e par tonne (kilo de CO2 équivalent par tonne de betterave à 16°) ;
  • 1,0 €/t de betterave à 16° si les émissions se situent entre 20 et 25 kg CO2e par tonne ;
  • 1,5 €/t de betterave à 16° si les émissions sont inférieures à 20 kg CO2e par tonne.

À titre de comparaison, l’Ademe évalue l’empreinte carbone moyenne de la betterave à plus de 38 kg CO2e par tonne, relaye Cristal Union, qui ne souhaite pas communiquer sur la moyenne actuelle pour ses coopérateurs. Néanmoins, « certains adhérents sont déjà dans ces paliers », assure Thomas Fleiter, responsable décarbonation agricole chez Cristal Union. L’ensemble des coopérateurs ont déjà réalisé leur diagnostic gratuitement.

Deux ou trois fois plus rémunérateur que les crédits carbone

Le groupe évalue à 2,5 millions d’euros le montant total qui sera redistribué aux planteurs, via Cristal Vision empreinte zéro et Regag (sa démarche de valorisation des pratiques agroécologiques). Les premières primes carbone seront versées au printemps 2026, pour la récolte de 2025. Environ 1 500 planteurs seraient concernés pour cette première année. En 2026, Cristal Union estime que le programme pourrait monter en puissance, et représenter un montant total de 4 ou 4,5 millions d’euros.

La valorisation des pratiques des planteurs via cette prime est « deux ou trois fois supérieure à ce que peuvent représenter les crédits carbone », avance Thomas Fleiter. « Pour économiser 1 t CO2e par hectare, un agriculteur doit investir plus d’une centaine d’euros par an par rapport à ses pratiques actuelles. Avec un prix du crédit carbone à 30 €/t CO2e et un versement tous les cinq ans, comment voulez-vous les intéresser ? », complète Xavier Astolfi, directeur général de Cristal Union.

La démarche n’intègre pas le volet du stockage de carbone, et se concentre sur les émissions liées à la culture de la betterave uniquement.

Une réponse à la demande des clients de Cristal Union

Après avoir réduit l’empreinte carbone de ses usines ces dernières années, Cristal Union s’attaque donc désormais aux émissions de gaz à effet de serre liées aux matières premières agricoles qu’il transforme. Ce segment représente 64 % des émissions totales du groupe. L’objectif, explique Xavier Astolfi, est de répondre à la demande des clients de Cristal Union qui souhaitent eux-mêmes réduire leur empreinte carbone. C’est une « démarche stratégique » pour le groupe, appuie-t-il : « Si on est capable de leur apporter des réponses, on va fidéliser les clients. »

En 2025, Cristal Union représente 45 % de la surface betteravière française.