Six heures du matin au lycée Gilbert Martin du Neubourg (Eure). Le thermomètre affiche –7°C tandis que Justine et Jules sortent de leur internat, revêtent leurs bottes et leur cotte, puis filent à quelques mètres de là pour rejoindre l’exploitation agricole de l’établissement. Thomas Belleville, le directeur de l’exploitation, et ses deux salariés y cultivent 145 ha et gèrent 130 bovins et 2 000 volailles de chair. « Nous avons cinq élèves sur la ferme aujourd’hui », souligne-t-il, dont deux pour la traite et deux en stage de courte durée.
Traite obligatoire
Quel que soit leur niveau de formation, ou leur spécialité, deux élèves sont désignés chaque jour parmi les 190 jeunes du lycée pour les deux traites quotidiennes des 60 vaches prim’holsteins et normandes. Aller chercher le troupeau, laver les trayons, traire, désinfecter, nettoyer la salle de traite, nourrir les veaux, voilà le programme jusqu’à 10 heures pour le binôme. Aujourd’hui, ils seront épaulés par Théo, salarié de l’exploitation.
Justine, en seconde CGEA (1), en est à sa troisième traite de l’année. La jeune femme qui se rêve éleveuse de volailles se réjouit : « La traite me permet d’être au contact des animaux, c’est ma bulle dans la journée. » À 17 heures, les deux élèves sont attendus pour la traite du soir. Les gestes sont un peu plus sûrs que le matin et les yeux davantage cernés après cette longue journée de cours. « Je suis debout depuis 5 heures, explique Justine. Ce soir, je rentre, je mange, je fais l’étude et je vais me coucher. »
« Travailler comme un éleveur »
Outre la traite, les élèves de bac pro CGEA et STAV (2) bénéficient d’une mise en situation professionnelle (MSP) d’une semaine au sein de la ferme du lycée, encadrés par le directeur de l’exploitation et ses salariés et formalisée par une convention de stage classique. L’occasion pour les élèves de découvrir un système d’exploitation supplémentaire en dehors de leur lieu de stage. « Ça nous met en situation de travail et nous montre le vrai métier d’agriculteur », résume Paul, en bac pro CGEA et stagiaire pour cinq jours.
Pour cette fois, ce sera soin aux animaux, alimentation et paillage des aires, stockage du fumier et préparation des volailles, dont la vente est prévue pour la fin de la semaine sur la ferme. « On travaille comme un vrai éleveur, souligne Paul. Et puis, ça nous fait un peu oublier les cours. » Pas question de faire l’école buissonnière pour autant. Chaque soir, les élèves doivent rattraper les cours qu’ils ont manqués, après avoir quitté la ferme.
(1) Conduite et gestion de l’exploitation agricole. (2) Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant.