« Une solution très novatrice avec de grosses perspectives » : tels sont les mots utilisés par François Gibon, directeur du Négoce agricole centre atlantique (Naca), pour parler d’un « produit à base de micro-organismes » qui devrait bientôt faire son apparition en France. Une conférence de presse à l’initiative de Vert l’avenir (démarche de communication envers le grand public initiée par le Naca), a été organisée le 20 février dans le but de présenter des premiers résultats d’essais.

Suppression du deuxième apport en blé

« Les applications que nous avons réalisées en 2018-2019 après l’hiver sur blé tendre et maïs ont été très prometteurs car les apports d’engrais azotés de synthèse ont été diminués de 47 % sans perte de rendement », affirme Mickaël Murail, responsable logistique, qualité et engrais du négoce Hermouet (Vendée), adhérent du Naca. En blé, cela représente la suppression totale du deuxième apport. Le produit ne réagit en revanche pas bien au froid de l’hiver.

Bactérie fixatrice, sous brevet

Ce produit — le BlueN de Symborg selon nos informations —, est novateur car il permet aux grandes cultures « d’imiter » la propriété fixatrice de l’azote atmosphérique des légumineuses, par apport foliaire de micro-organismes. L’application se fait par pulvérisation en sortie d’hiver (ou début de cycle pour le maïs) ; les micro-organismes pénètrent dans la plante en deux ou trois heures. Sur son site, Symborg indique qu’il s’agit d’une « bactérie endophyte [qui vit à l’intérieur d’un végétal, NDLR], exclusive et brevetée, appelée Methylobacterium Symbioticum ».

 

« Pour limiter les charges, l’application peut tout à fait être combinée avec un désherbage ou un fongicide », assure Laure Jacques, responsable technique du négoce Hermouet (85). Il se présente sous la forme d’une poudre, dont le volume d’application est « très faible ». Le stockage ne nécessite qu’un endroit à l’abri de l’humidité.

De nouveaux essais, à plus large échelle

Reste à tester ce produit plus largement pour étudier son comportement dans différents contextes pédoclimatiques. 800 essais en « duel » (en comparaison à des apports azotés minéraux classiques) devraient être réalisés cette année par différents négoces en France, pour une mise sur le marché planifiée en 2021. Les études économiques ne sont pas encore très avancées. « Mais cela ne devrait pas être plus cher que les pratiques de fertilisation actuelles », assure Mickaël Murail.

 

Ce produit est déjà homologué et utilisé dans plusieurs autres pays, comme en Espagne par exemple. En France, l’autorisation de mise sur le marché est espérée par la firme pour le 4 mars 2020. Le produit a demandé son homologation en agriculture biologique. Dans ce cadre, il pourrait induire des augmentations de rendement, mais là encore, des essais doivent être conduits.