Comment fidéliser ses salariés dans un secteur qui peine à recruter ? L’Anefa (association nationale paritaire pour l’emploi et la formation en agriculture) a tenté, mercredi 28 février 2024, de répondre à cette question dans une conférence intitulée « Accueillir, accompagner et fidéliser les salariés(e), un enjeu incontournable pour la filière agricole » au Salon de l’agriculture à Paris.

« 4 employeurs sur 5 ont des difficultés à recruter »

« Sur l’année 2022, 30 % des postes du secteur agricole sont non pourvus et 4 employeurs sur 5 ont des difficultés à recruter », explique Nicolas Savary, directeur de l’Anefa. Cela représente « 15 000 emplois sur les 50 000 de la plateforme de l’Anefa ». Pire, « l’agriculture a un turn-over élevé avec 40 % des salariés entrants qui partent ».

Pour attirer des salariés, « il faut d’abord les conserver », assure Dominique Boucherel, secrétaire général et représentant des salariés au sein de l’association. Bien accueillir ses salariés actuels permet de faire fonctionner le bouche-à-oreille et d’encourager le recrutement dans le secteur, plaide celui qui travaille dans divers élevages laitiers en service de remplacement.

« Impliquer le collaborateur »

Pour cela, il faut pouvoir valoriser le salarié dans son emploi et « impliquer les collaborateurs » dans la gestion de la ferme, défend le secrétaire général. « Qu’un salarié découvre qu’il y a un nouveau tracteur sur l’exploitation, ce n’est pas possible ! », ajoute Laurent Paillat président de l’Anefa et chef d’exploitation en maraîchage.

La dimension des ressources humaines doit être intégrée dans les relations entre les chefs d’exploitation et les employés, défend l’Anefa qui déplore un trop faible recours des employeurs aux formations RH. Outre l’intérêt de bien intégrer le salarié sur la ferme via des échanges informels « et formels. Il devrait en avoir deux fois par an, précise le président de l’Anefa. La rémunération est un point important, reprend-il. Pour un salarié avec de l’expérience, si on reste au niveau de la rémunération de base, on lui dit au revoir en même temps que bonjour. »

« L’Anefa œuvre pour la montée en compétences des salariés », défend Nicolas Savary. Pour autant, leur recours à des formations reste faible et est souvent cantonné à de la remise à niveau concernant les réglementations. « Souvent, ce sont des petites exploitations. Ce n’est pas que l’employeur ne veut pas envoyer le salarié en formation, mais il y a une impossibilité à déplacer du travail quotidien qu’on ne peut pas reporter. » L’association propose la possibilité de développer le recours au service de remplacement, y compris pour des salariés partis en formation.

Face aux difficultés de recrutement, l’Anefa veut travailler sur les problématiques d’inclusion au cours de l’année et souhaite développer des partenariats avec la plateforme d’accompagnement d’anciens militaires « défense mobilité » et les missions locales. Cette mission d’inclusion porte un double intérêt : proposer des stages dans des entreprises agricoles à des réfugiés et des jeunes de quartiers prioritaires, et apporter une nouvelle main-d’œuvre à un secteur en pénurie. « La réussite de notre filière dépendra de notre capacité à prendre en compte ces enjeux », assure Laurent Paillat.