Il était aux alentours de 14 heures dimanche 23 juin 2024 lorsque douze sapeurs-pompiers de Thoiré-sur-Dinan et Flée (Sdis 72) sont arrivés à Beaumont-Pied-de-Bœuf, dans la Sarthe. « C’est le propriétaire de la parcelle, un ancien éleveur, qui a prévenu les secours, raconte le maire de la commune Joël Tabareau. En se baladant, il a remarqué qu’une partie du troupeau manquait à l’appel. Sur les vingt que son locataire avait amenées paître jeudi, il en manquait huit. Il a entendu des meuglements et c’est là qu’il a découvert le trou avec les génisses au fond. »

Une cavité de 18 mètres de profondeur
En arrivant sur place, le maire n’a pu que constater les dégâts auprès du Sdis 72. « Il faut vraiment être devant le trou pour le voir. Il y a trois chênes autour, donc les vaches y ont peut-être trouvé de l’ombre avant de tomber les unes sur les autres », suppose-t-il. Prêtes à vêler, les huit génisses étaient déjà mortes quand les secours sont arrivés.
Dans l’impossibilité d’évacuer les carcasses en raison de leur gabarit, les sapeurs-pompiers, formés à ce type d’intervention, ont d’abord sécurisé le périmètre avant de glisser une caméra dans la cavité. « On a pu estimer la profondeur du trou à 18 mètres et 1 mètre de diamètre, et on a confirmé que des bovins étaient entassés au fond », relate le capitaine Matthieu Bertrand, président de l’intervention.
Au printemps dernier, ce même éleveur avait déjà perdu un bovin sans comprendre la disparition. « Désormais, on se dit que la bête a peut-être aussi péri dans ce trou, déplore Joël Tabareau. Car on ne sait pas du tout depuis combien de temps il est là. »
La Sarthe, ancienne zone de marnières
Grâce à son intervention, le Sdis 72 a établi qu’il s’agissait « sans doute d’une cheminée d’évacuation » construite à l’époque où les parcelles de la Sarthe étaient exploitées pour le tuffeau. « Le risque de cavités souterraines est connu dans le département, précise le capitaine Bertrand. Il y a des galeries cartographiées. Mais celle-ci ne l’était pas. Avec le temps, certaines ont été oubliées. »
En plus de l’accumulation de pluies, quand l’air de ces cheminées d’évacuation ne passe plus, de l’humidité se forme et érode les parois. Un phénomène qui provoque des affaissements de terrain. « On intervient sur des routes ou même dans des maisons, mais là, c’est assez particulier avec des bovins dedans », poursuit-il.
Après plus de quatre heures d’intervention, le Sdis 72 a livré les consignes pour éviter tout nouvel accident. De son côté, le maire a contacté la préfecture pour cartographier le sous-sol. Quant à l’éleveur, il a démarché ses assureurs pour compenser le préjudice financier, que le maire estime autour de 2 000 euros par bête.