En volailles, la demande sociétale est forte pour un accès au plein air des animaux d’élevage. Pour la satisfaire, il existe les parcours. Les jardins d’hiver, ou préaux, ont aussi fait leur apparition. Mais le recul manque sur ce type d’aménagement, non inclus dans le cahier des charges BCC ou dans l’étiquetage bien être animal à ce jour.

Afin d’alimenter la réflexion, l’Institut technique de l'aviculture (Itavi) a réalisé une étude (1) sur la base d’enquêtes auprès des acteurs concernés (éleveurs, techniciens, équipementiers et consommateurs) et d’une expérimentation en bâtiment. Ce dernier travail a porté sur l’observation filmée de quatre lots de poulet en croissance intermédiaire entre mai 2021 et avril 2022. Le bâtiment suivi possède un préau avec un sol en terre, des filets brise-vent, une toiture isolée et des matériaux d’enrichissement (ballots de paille, plateforme).

Les premiers résultats montrent une bonne utilisation du préau par les poulets. "C’est un espace de vie où les animaux sont plus actifs, indique Laura Warin, cheffe de projets bien-être animal à l’Itavi. Les poulets se sont bien approprié le préau. Ils sortent très rapidement après l’ouverture des trappes. Nous avons observé une utilisation différenciée des zones, variable selon la saison et la présence ou non d’enrichissement." 

En été, entre 10,5 et 14,5% des poulets sont présents dans le préau chaque jour. La plateforme est très utilisée ainsi que les ballots de paille. La zone nue est une zone de passage. Au printemps, l’utilisation du préau est moindre (7,6 % de présence) et encore moins en hiver (3,3 %) avec la baisse des températures. Les comportements d’exploration et de bains de poussières s’expriment davantage dans le préau qu'en intérieur. Les caméras ont mis en évidence plus de toilettages et d’étirements dans le bâtiment, liés au comportement de repos.

Maîtrise de l’ambiance

S'il y a un intérêt pour le bien-être des volailles, beaucoup de questions se posent sur la faisabilité technique et le coût de l'aménagement. Il existe trois types de préaux : le "low cost" (avec longrine basse, grillage et tôles en toiture), l’intermédiaire (longrine plus haute, grillage, toiture isolée) et le haut de gamme (longrine classique, filet brise-vent et toiture isolée). Leur installation peut poser quelques problèmes.

« Sur un bâtiment avec ventilation statique, la hauteur de long pan va nécessiter une toiture avec cheneau qui aura un coût supplémentaire, détaille Gwenn Guillou de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne. En bâtiment dynamique longitudinal, il faudra gérer la ventilation. Le bâtiment dynamique transversal subit la double peine de la hauteur et de la ventilation. »

Tout l’enjeu réside dans la gestion de l’ambiance avec l’ouverture des trappes, notamment en automne et hiver. « Il faut limiter l’entrée d’air par les trappes du préau afin d'éviter un mauvais circuit de l’air et de l’air froid directement sur les animaux. Cela peut entraîner un inconfort et dégrader la litière », précise la conseillère. Parmi les solutions proposées par les éleveurs : l’ouverture d’une trappe sur deux.

(1) Dans le cadre des projets Cocorico et Lit Ouesterel.