« La future lactation se prépare dès le tarissement », insiste Iris Chanay Rolland, conseillère à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. L’enjeu ? Maintenir un niveau d’ingestion important pour préparer le rumen à la future lactation, tout en distribuant une ration aux valeurs alimentaires inférieures pour éviter l’engraissement.

Pour gérer le rationnement, il est essentiel de définir une stratégie de tarissement pour chaque vache. Une durée de 60 jours est généralement conseillée, mais cette phase peut s’étendre de 45 à 70 jours. « Il peut être tentant d’allonger un peu la lactation des hautes productrices, mais il faut se fixer des modalités d’arrêt de la traite, avec une stratégie d’alimentation, explique la conseillère. Sans cela, la carrière de la vache pourrait être impactée tant sur la production que sur la santé. »

1. Début de la période sèche

Pour les vaches à forte persistance laitière, il est conseillé de limiter les apports en concentré dans les jours précédant le tarissement. Cela permet d’atténuer naturellement la pression dans la mamelle. Durant les 8 jours suivant le tarissement, il convient de diluer les apports en azote et en énergie pour couper la production laitière. Apporter de la paille et du foin de qualité moyenne permet de garder de la capacité d’ingestion tout en limitant les apports énergétiques. Les diètes brutales sont à éviter : « les transitions progressives sont préférables pour le bon fonctionnement du rumen ».

2. Régime de croisière

Durant la période sèche, les vaches sont certes taries mais demeurent gestantes. Il faut donc leur apporter une ration qui leur permet de rester en état tout en préparant la lactation suivante. Pour des prim’holsteins hautes productrices, une ration journalière de 8 UFL pour 800 g PDI et 11 à 13 kg de matière sèche ingérée (MSI) répond à ces critères. Le pâturage peut aussi être une solution. « L’objectif est de garder une note d’état corporel de 3 à 3,5 durant toute cette période », résume Iris Chanay Rolland.

Mieux vaut éviter de faire maigrir une vache durant le tarissement, elle perdrait en capacité d’ingestion pour sa future lactation. « N’oublions pas qu’elles ont un veau à nourrir. Une ration pas assez dense en énergie peut être à l’origine de carences placentaires ou de problèmes de délivrance », avertit la conseillère. À l’inverse, « il ne faut pas des vaches trop grasses pour que le vêlage se passe bien ». Un gain de 0,5 point de note d’état reste toutefois tolérable.

3. Préparation au vêlage

Pour préparer la production laitière, une transition alimentaire s’impose. À défaut, « la vache aura besoin de 3 à 4 semaines en début de lactation pour adapter sa flore ruminale et exprimer pleinement son potentiel laitier », précise Iris Chanay Rolland. L’absence de transition alimentaire peut même provoquer une subacidose en raison de la modification brutale des proportions de fourrages et de concentrés dans la ration. Cela accroît également le risque de déficit énergétique en début de lactation, avec des animaux ayant perdu en capacité d’ingestion.

Il est donc important de densifier la ration avant le vêlage. Cela aide aussi à satisfaire des besoins accrus en fin de gestation. « Plus le veau prend de la place dans le ventre de la vache, moins il y en a pour le rumen, et moins elle a d’appétit », note la conseillère. Une ration de 9 UFL pour 900 g de PDI et 9 à 11 kg MSI est ainsi recommandée durant les trois semaines précédant la mise bas.