Pour Nicole Hagen, spécialiste des pathologies de la reproduction à l’école vétérinaire de Toulouse (ENVT), « la conduite alimentaire joue un rôle prépondérant dans la fertilité des vaches laitières. » Si le déficit énergétique est quasiment impossible à éviter après le vêlage, d’autant plus chez les hautes productrices, le contenir est primordial. « La fonte excessive du tissu adipeux conduit à une augmentation de la concentration des acides gras libres non estérifiés dans le sang, résume Joëlle Dupont, de l’Inrae. Ces molécules affectent la qualité des ovocytes et le développement embryonnaire. » Dans le cadre d’une cétose, le foie les capte et libère à son tour des corps cétoniques, plus nocifs encore. L’altération de la croissance folliculaire induit une baisse de la synthèse d’œstrogène, impliquée dans l’expression des chaleurs. Pour couronner le tout, le déficit énergétique dégrade le système immunitaire, favorisant l’apparition de métrites, d’endométrites ou de kystes ovariens.

Préparer la panse

Nicole Hagen conseille donc de limiter la perte de la note d’état corporel (NEC) à un point entre le vêlage et le pic de lactation. « Au-delà, le déficit est trop sévère et entre en conflit avec les fonctions reproductives. »

La prévention commence dès le tarissement. « La transition alimentaire doit débuter dans les trois semaines précédant­ le vêlage, explique la vétérinaire. La flore ruminale amylolytique (amidon) doit être pleinement opérationnelle en début de lactation. Pour autant, il faut veiller à ne pas dépasser une NEC de 4 au vêlage, prédisposant aux cétoses. » L’apport de fibres longues doit également être maintenu tout au long de la période sèche pour assurer le bon développement­ de la panse.

La gestion du stress thermique est tout aussi essentielle, car une vache léthargique s’alimente peu et s’exprime peu. D’après une étude publiée en 2016 impliquant Nicole Hagen, le taux de non-retour après la première insémination varie fortement en fonction de la saison. En race prim’holstein, il passe de 62 % en hiver à moins de 50 % lors des derniers épisodes caniculaires. La baisse de l’ingestion, associée à une hausse de la température corporelle, en est la principale explication.

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