L’association Foodwatch pointe du doigt les changements de recettes de six produits alimentaires populaires au détriment de composants « nobles », comme la viande, le poisson ou les œufs. Ces changements « donnent l’impression que la qualité se voit modifiée alors que le prix au kilo de ces produits augmente dans les rayons au-delà de l’inflation », explique l’association. Cette enquête faisait l’objet d’un reportage dans la nouvelle émission d’investigation de France Télévisions, France Grand Format, le mardi 6 février 2024.

Volailles

Parmi les produits ciblés par Foodwatch, plusieurs changements de recettes concernent les filières avicoles. La quantité de viande de poulet dans la spécialité charcutière au poulet rôti en cocotte de Bordeau Chesnel a diminué de 5,5 % entre 2021 et 2024. La graisse de canard y est remplacée par des huiles végétales et l’origine des viandes, initialement française, est devenue européenne. Dans la mayonnaise Fin Gourmets qualité traiteur de Maille, la proportion de jaune d’œufs est passé de 9,3 % à 7 % et la quantité d’huile a augmenté.

Foodwatch souligne également un retour de l’huile de palme. Dans les cookies Milka Choco Sensations, l’huile de tournesol a été remplacée par l’huile de palme entre avril 2022 et 2024. Les After Eight auraient aussi vu l’ajout de matières grasses végétales, dont l’huile de palme, entre la fin de 2021 et 2024.

Cheapflation

« À l’échelle d’un produit, la diminution de quelques pourcents d’un ingrédient noble peut sembler dérisoire, mais pour une entreprise qui en produit des milliers, cela peut représenter une sacrée différence », poursuit Foodwatch, qui s’étonne tout de même de voir augmenter le prix en rayon de ces produits. L’association donne le nom de “cheapflation” à cette pratique : diminuer la qualité (organoleptique ou nutritionnelle c’est-à-dire sa valeur énergétique, sa teneur en lipides, en protides et en vitamines) tout en augmentant le prix.

Les industriels concernés ont répondu à l’enquête de Foodwatch. Bordeau Chesnel et Unilever (Maille) expliquent avoir eu des difficultés d’approvisionnement du fait de la grippe aviaire. Mondelez (Milka) avance les difficultés à s’approvisionner en huile de tournesol durant la première année de la guerre en Ukraine, principal fournisseur du marché mondial. Depuis que d’autres opérateurs mondiaux se sont positionnés, Mondelez indique que le projet de retour à l’huile de tournesol dans les recettes est en cours de discussion en interne. Enfin, Nestlé explique juste avoir retravaillé ses recettes.

Approvisionnements

« Nous comprenons les difficultés d’approvisionnement des fabricants et leur droit de modifier leurs recettes. C’est l’opacité qui fâche, doublée d’une hausse de prix qui fait mal en ces temps d’inflation », réagit Audrey Morice, chargée de campagnes chez Foodwatch. Les industriels répondent que les listes des ingrédients sur les emballages ont été mises à jour quand c’était nécessaire.

À ce jour, il n’existe pas de base de données officielle recensant l’évolution des recettes et des prix. Foodwatch s’est basé sur la base ouverte Open food facts et a demandé des confirmations aux industriels concernés.