« Après une très mauvaise année 2020 avec 29,18 millions de tonnes, la production de blé française de 2021 remonte certes à 34,93 millions de tonnes, mais reste décevante malgré tout : elle n’atteint pas la moyenne des dix dernières années », développe Agritel, le cabinet de conseil dans un communiqué diffusé le 24 août 2021.

Rendement en retrait
La surface de blé tendre est dans la norme de 4,94 millions d’hectares, selon le ministère de l’Agriculture. En revanche, le rendement est en retrait à 70,7 q/ha, soit 1 % en dessous de sa moyenne sur 10 ans.
Pourtant, « au début de juin, les cultures étaient prometteuses. La récolte de 2021 s’annonçait dans le top 4 des meilleures productions historiques, à près de 38 millions de tonnes. À la fin des moissons, qui traînent encore en longueur, c’est une vraie déconvenue », estime Michel Portier, directeur général d’Agritel.
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Avec des précipitations qui ont atteint parfois jusqu’à 300 mm jusqu’à la floraison, le remplissage des grains a été pénalisé et la qualité a été dégradée. « Nos débouchés meuniers traditionnels pourront toutefois être honorés, assure Michel Portier. Néanmoins, un important travail du grain sera nécessaire en amont, tandis que des aménagements de cahier des charges devront être âprement négociés. »
Exportation de blé fourrager
« La part de blé fourrager sera, quant à elle, bien supérieure aux autres années principalement en raison de poids spécifiques (PS) très bas, poursuit Agritel. Le débouché de l’alimentation animale français et européen ne suffira pas. »
Ainsi pour Michel Portier, « nous devrons probablement exporter ces blés sur le marché fourrager mondial qui se situe essentiellement en Asie. Dans ce contexte, l’écart de prix se creuse de jour en jour entre blé meunier et blé fourrager. »
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Sur la scène internationale, « à l’exception du Maroc, les récoltes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont très mauvaises. La production de blé de printemps a littéralement grillé sur pied sous le dôme de chaleur au Canada et sur le nord des États-Unis. Ce n’est guère mieux pour les blés de printemps de Russie et du Kazakhstan », explique Michel Portier.
Stocks tendus
Du côté du marché, « la tension est encore montée d’un cran sur le blé meunier depuis quelques semaines. Les perspectives de stocks chez les grands exportateurs s’annoncent comme les plus tendues depuis la campagne de 2007-2008 lorsqu’ont eu lieu les premières émeutes de la faim », juge Agritel.
Conséquence : « La réduction de l’offre d’exportation de blé meunier française ne fait qu’accentuer la hausse des cours observée sur la scène internationale. Le prix du blé meunier coté sur le marché Euronext est au plus haut depuis 8 ans. Il avoisine les 250 €/t sur l’échéance de décembre 2021, soit une hausse de 35 % sur un an. »
(1) Sondage réalisé du 18 au 23 août 2021 auprès d’un panel constitué des opérateurs de la filière sur l’ensemble du territoire national et représentatif de plus de 75 % de la surface totale de blé tendre française.