Quel est le point commun entre l’association de développement rural Trame, la fédération des Cuma et le réseau Civam ? Réponse : le collectif. Ces trois têtes de réseaux accompagnent, chacune à sa manière, des collectifs d’agriculteurs. Et elles voient dans l’agriculture de groupe un « moteur pour la future Pac », ont-elles expliqué en conférence de presse, le 8 septembre 2020.

Ancrage territorial et autonomie décisionnelle

« La Pac actuelle ne réussit plus à apporter une réponse satisfaisante aux principaux enjeux », a constaté Olivier Tourand, vice-président de Trame, en évoquant les questions d’accès pour tous à l’alimentation, de partage de la valeur, de changement climatique, d’érosion de la biodiversité, de renouvellement des générations, d’emploi… Pour répondre à ces enjeux, les trois têtes de réseaux identifient trois conditions de réussite : le territoire comme échelle d’action, la diversité (des productions, des ateliers, des savoirs…) comme réponse à la standardisation, et le collectif comme support d’action, avec un fonctionnement ascendant rendant les agriculteurs autonomes dans leurs décisions.

Les aides du premier pilier plafonnées

Désirant être force de propositions dans la conception du plan stratégique national, les trois organisations déclinent leur vision en propositions concrètes. « On a l’audace de proposer des idées qui ne sont pas portées par le courant majoritaire », sourit Christophe Perraud, secrétaire général de la FNCuma.

 

Par exemple, un transfert maximal de fonds du premier vers le second pilier, « parce que c’est le pilier qui permet de s’engager sur le temps long dans des pratiques nouvelles, et à l’échelle d’un territoire. » Mais aussi, pour le premier pilier, un plafonnement des aides à l’actif (exploitant et premier salarié), à un niveau restant à définir, afin de favoriser l’emploi et éviter les concentrations de grosses fermes. Et un ciblage des aides vers les moins de 65 ans, pour lutter contre le développement exponentiel du travail à façon et ses corollaires – uniformisation et simplification des systèmes, baisse du nombre d’actifs, etc.

 

« Ce que l’on veut, c’est ramener de la valeur sur les exploitations. Or accumuler des hectares permet d’augmenter le chiffre d’affaires, mais pas la valeur créée », insiste Antoine Delahais, trésorier du réseau Civam.

Des subventions réservées aux collectifs

Dans le second pilier, les réseaux souhaitent mobiliser différents outils (de type MAEC, subventions aux investissements, soutien à l’expérimentation) à travers un « contrat de transition agroécologique et alimentaire de territoire », sur une durée de cinq à sept ans. Pour un maximum d’efficacité, seules des mesures entraînant un changement global des systèmes d’exploitation seraient proposées, et accessibles à tous les agriculteurs, sans zonage.

 

Trame, la FNCuma et les Civam veulent aussi flécher toutes les aides aux investissements (hors bâtiments) vers des collectifs d’agriculteurs, et les réserver à des matériels favorisant les pratiques agroécologiques. En plus d’éviter d’encourager le suréquipement, l’idée est de mettre le holà « aux subventions à n’importe quel type d’investissements, qui ont tendance à faire flamber le prix des matériels », justifie Christophe Perraud, de la FNCuma. Il s’agit aussi de donner les moyens aux collectifs d’agriculteurs de progresser ensemble. Car « une ou deux exploitations ne peuvent pas seules résoudre les problèmes d’un territoire », souligne Antoine Delahais.