À la mi-janvier 2020, Casino a lancé l’alerte en précisant qu’en France, les grèves de décembre dans les transports avaient entamé d’environ 2 % son chiffre d’affaires du quatrième trimestre. Même Cdiscount, la filiale de commerce en ligne de Casino, a pâti des grèves (–3,3 %).
Pire, ces mouvements sociaux ont eu également pour conséquence la révision par le groupe à la baisse, de 10 % à 5 %, de sa prévision d’estimation de la croissance du résultat opérationnel courant (ROC), l’indice phare du secteur. Un avertissement sur résultat qui n’a pas manqué de faire réagir les investisseurs le lendemain en Bourse : à la clôture, le titre s’était enfoncé de près de 5 %.
Les produits festifs touchés
« Pour la deuxième année consécutive, le commerce en France est [affecté] par des mouvements sociaux au mois de décembre, période la plus critique pour notre secteur », rappelait le directeur général du distributeur français de produits électroniques, électroménagers et culturels, Enrique Martinez.
Certes, le trafic des magasins a baissé, affirme à l’AFP Matthias Berahya-Lazarus, président du groupe Bonial, spécialisé dans le marketing numérique pour la distribution, « mais dans l’alimentaire, le 5 décembre (premier jour de la grève contre la réforme des retraites, NDLR) et le 6 décembre ont été plutôt de bonnes journées, les gens ayant profité de jours ‘‘off’’ pour faire leurs courses ». Si le cabinet Nielsen a évalué à plus de 2 % la perte du chiffre d’affaires dans la grande distribution en décembre, « ce sont surtout les produits festifs qui ont été touchés », explique l’expert.
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Baisse des ventes de foie gras et de champagne
Un constat partagé par Carrefour, qui évoque des ventes au quatrième trimestre en hypermarchés affectées « par le contexte des grèves du mois de décembre et l’effet des EGA (la loi sur l’alimentation encadrant les promotions, NDLR) sur les produits festifs ». Au total, les ventes de foie gras et de champagne dans la grande distribution ont chuté de 15,8 % et 13,4 % lors de la deuxième quinzaine de décembre, selon l’étude du cabinet Nielsen.
Alerté par des producteurs, le Sénat a voté dès la mi-janvier une proposition de loi qui limite le niveau de promotion possible des produits « au caractère saisonnier marqué ». Le texte a toutefois peu de chance d’être voté par l’Assemblée nationale, le ministre de l’Agriculture ayant donné un avis défavorable.
Pour Matthias Berahya-Lazarus, la désaffection des hypermarchés constitue « un phénomène de fond ». Aujourd’hui, le consommateur « fractionne » sa consommation, en ayant « tendance à favoriser les circuits alternatifs » (sites de vente en ligne, marchés, commerces spécialisés, artisans) au détriment des grandes surfaces.
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