« La pénurie d’eau de surface constitue le risque le plus important pour l’économie de la zone euro, estiment les cinq coauteurs d’une note de blog publiée sur le site de la Banque centrale européenne (BCE) le 23 mai 2025. En cas de sécheresse extrême mais plausible, avec une période de retour de 25 ans, près de 15 % de la production économique serait menacée. »
Selon les auteurs, cela serait la conséquence d’une insuffisance des approvisionnements en eau provenant des rivières, lacs, réservoirs et des couches supérieures du sol, amplifiée par des conditions de sécheresse persistantes, des prélèvements excessifs et une consommation non durable.
L’agriculture, secteur le plus vulnérable
Toute pression sur les ressources en eau peut entraîner des « effets en cascade » : le manque d’eau en surface réduit les rendements agricoles, freine la production et augmente les coûts, limite l’hydroélectricité et le transport fluvial, entre autres exemples cités.
L’agriculture est le secteur le plus vulnérable en cas de sécheresse longue. L’Europe du Sud est la plus touchée, avec jusqu’à 30 % de la production menacée contre 12 % en Finlande. L’exposition progresse aussi en Europe centrale et du Nord, selon la note publiée au moment où une sécheresse jamais vue depuis des décennies frappe depuis plusieurs semaines une partie du nord de l’Europe, allant de l’Écosse aux Pays-Bas. Les auteurs ajoutent que le manque d’eau devrait entraîner une hausse des prix de l’eau et des denrées alimentaires, nourrissant ainsi l’inflation.
Risque d’instabilité financière
Autre constat : la baisse réelle ou perçue de la qualité de l’eau a déjà provoqué une forte diminution des visites touristiques dans certaines régions, générant des pertes économiques estimées à plus de 100 milliards d’euros par an.
De manière générale, les auteurs estiment que 72 % des entreprises de la zone euro dépendent de manière critique de biens que la nature fournit directement : eau potable, nourriture (poissons, fruits, etc.), bois, matières premières jusqu’aux plantes médicinales. Au-delà, ils pointent un risque pour la stabilité financière via l’augmentation de la probabilité de défaut de paiement des entreprises : plus de 1,3 milliard d’euros de prêts bancaires sont exposés à des secteurs fortement vulnérables à la sécheresse, est-il expliqué.
« Il est essentiel d’intégrer les risques liés à la nature dans les cadres d’évaluation des risques financiers, en particulier ceux liés à l’eau », conclut la note.