Un impressionnant convoi de 300 tracteurs, venus des quatre coins du département de l’Ille-et-Vilaine, a convergé vers Châteaubourg ce jeudi 11 décembre 2025 en fin de matinée. C’est ici que devait se tenir une réunion de la Commission locale d’eau pour voter la révision du Sage Vilaine. Ce schéma d’aménagement des eaux de la Vilaine qui s’étend sur l’Ille-et-Vilaine, les Côtes-d’Armor, le Morbihan et la Loire-Atlantique est en cours de révision et cristallise toutes les attentions.

Principal point de discorde : l’interdiction d’usage d’herbicides sur maïs sur les parcelles à risque fort des aires d’alimentation des captages prioritaires au 1er janvier 2029. Cinq captages (1) sont concernés, soit 2 700 exploitations pour une surface de 140 000 hectares, dont 45 000 hectares de maïs selon les chiffres de la chambre d’agriculture. D’autres mesures concernent l’interdiction de réserves collinaires en zone humide, le contingentement de l’eau d’abreuvement, le plafonnement des prélèvements d’eau en période de hautes eaux…

Les 300 tracteurs portaient les panneaux des communes directement concernées par la révision du Sage et de nombreux slogans. (©  Isabelle Lejas)

Tous les syndicats agricoles sur place

Sur place, tous les syndicats agricoles étaient présents mais pas pour les mêmes raisons.

Sous les slogans « Oui à l’environnement, non à l’acharnement » ou « Pas d’interdiction sans solution » placardés sur les fourches des tracteurs, les FDSEA et JA de la Bretagne et des Pays de la Loire ont fortement mobilisé avec 750 manifestants. « C’est une première victoire », a réagi Christian Mochet, de la FDSEA de l’Ille-et-Vilaine « nous demandons plus de concertation. »

Depuis des mois, les FDSEA et les JA dénoncent une révision à marche forcée du Sage Vilaine et les mesures drastiques qui seront appliquées dans certains territoires. Les deux syndicats réclament une modification du contenu de projet de Sage Vilaine, afin qu’il soit compatible avec le maintien d’une production alimentaire locale.

Un peu plus loin, une trentaine d’agriculteurs de la Coordinations rurale Bretagne était aussi réunie « face aux mesures liberticides qui menacent directement la survie des exploitations agricoles ». S’estimant les premiers concernés par la gestion de l’eau, les agriculteurs de la Coordination rurale dénoncent des interdictions brutales (désherbage, drainage en projet ou existant…). Ils refusent « d’être les boucs émissaires d’une politique environnementale décidée sans eux ».

« Des alternatives existent » pour la Confédération paysanne

Séparés par un cordon de CRS, 150 adhérents de la Confédération paysanne de la Bretagne, soutenus par les réseaux agriculture durable (2) et les associations environnementalistes (2) étaient, quant à eux, rassemblés pour défendre la révision du Sage vilaine. Pour le syndicat : « il est urgent et nécessaire de prendre des mesures : moins de 8 % des cours d’eau du bassin sont en bon état, la pollution aux pesticides menace la santé publique, et les sécheresses se multiplient. L’interdiction des herbicides sur maïs dans les zones à risque est un premier pas. Des milliers d’agriculteurs prouvent chaque jour que des alternatives existent. »

Au final, la réunion de la Commission locale de l’eau a été annulée et le vote a été reporté au 16 janvier prochain. N’ayant pas pu rencontrer les élus, en milieu d’après-midi, les agriculteurs de la FDSEA et des JA ont repris la route avec leurs tracteurs en direction de la préfecture de Région et Rennes Métropole.

(1) La Herbinaye, La Ville Chevron-Le Meu, Pont-Billon, La Vallière, La Chutenaie.

(2) Réseaux GAB FRAB (agriculteurs bio), Adage, Civam, Terres de liens, collectif de victimes des pesticides, Eaux et Rivières de Bretagne, LPO, Bretagne Vivante…