À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 14 juin 2022, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a actualisé la situation des nappes souterraines en France, au 1er juin 2022. Bilan : en l’absence de pluies efficaces, les niveaux sont en baisse avec une dégradation généralisée des nappes, à l’exception de certains secteurs du sud-ouest et sud-est.

 

« Nous avons déjà connu des sécheresses de nappes précoces, mais la particularité de cette année est que la situation est assez généralisée au niveau national », commente Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.

 

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Usages prioritaires

Sauf événements pluviométriques exceptionnels, les niveaux des nappes continueront de baisser, sans qu’aucune amélioration ne soit attendue avant l’automne. « La situation devra être particulièrement surveillée sur l’ensemble des nappes réactives (1) et notamment sur les nappes affichant des niveaux sous les normales mensuelles en mai », signale le BRGM. Devront aussi faire l’objet d’une attention particulière certaines nappes inertielles (craie de Touraine, cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté et molasse miocène du Bas-Dauphiné).

 

« On ne manque pas d’eau en France », a néanmoins précisé Violaine Bault. Mais des usages prioritaires existent, en premier lieu l’alimentation en eau potable. En effet, la sécheresse des nappes risque de dénoyer les puits, les pompes se retrouvant hors de l’eau. Un autre objectif prioritaire est la continuité hydrologique : en l’absence de pluies, les nappes soutiennent le débit des cours d’eau et participent également à l’alimentation des sources, aux fonctionnalités des zones humides et au maintien de la biodiversité associée.

Poursuivre les efforts de sobriété

Pour limiter ces risques, deux grands types de solutions existent : jouer sur les sorties en réduisant les prélèvements (actions d’économies d’eau et arrêtés de restrictions des usages) ou jouer sur les entrées en favorisant l’infiltration de l’eau. « En tenant compte des prévisions de Météo-France, il devrait y avoir de plus en plus de restrictions sur les usages », estime Violaine Bault.

 

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À ce sujet, la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau — la FP2E (2) s’est exprimée, lundi 13 juin, sur la nécessité d’actions de court et long terme pour faire face aux constats et prévisions établis. Elle appelle notamment le monde agricole à « poursuivre ses efforts de sobriété » et souhaite voir une meilleure comptabilisation des volumes prélevés par les agriculteurs, pour en mesurer les progrès.

(1) Les nappes réactives ont une cyclicité annuelle et réagissent rapidement tandis que les nappes inertielles présentent une cyclicité pluriannuelle, avec des réactions plus lentes : ces dernières ont donc une plus grande capacité de résistance à la sécheresse. L’entre-deux est la nappe mixte, qui est sur une dynamique intermédiaire.

(2) La FP2E regroupe les entreprises assurant la gestion des services d’eau et d’assainissement en France, après mise en concurrence. Ses adhérents sont : Saur, Société des Eaux de Fin d’Oise, Sogedo, Suez et Veolia.