En fin d’après-midi dimanche 14 décembre 2025, 27 actions étaient recensées, rassemblant un peu plus de 1 000 agriculteurs, selon le ministère de l'Intérieur.
« Il y a de nouveaux blocages en cours (...) ça continue et ça se développe », a déclaré à l'AFP Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, syndicat très opposé, comme la Confédération paysanne, à l'abattage généralisé des bêtes des foyers affectés, exigeant une large vaccination du cheptel français de 16 millions de bovins contre cette maladie non transmissible à l'homme.
En Ariège, non loin de la ferme des Bordes-sur-Arize où 200 vaches ont été abattues cette semaine après des heurts entre agriculteurs et forces de l’ordre, près de 150 éleveurs et exploitants agricoles occupaient malgré le froid un rond-point à Tarascon-sur-Ariège et bloquaient la route vers l'Andorre, a constaté un journaliste de l’AFP.
En Haute-Garonne, entre 100 et 150 agriculteurs se sont réunis au pied d’un calvaire à Benque, devant une ferme où un bovin est suspecté d’être infecté par la DNC, dans l’attente des résultats des tests, selon un autre journaliste de l’AFP.
Une cinquantaine d'agriculteurs, sous les applaudissements de manifestants et badauds, ont aussi recouvert dimanche la sous-préfecture de Millau (Aveyron) de lisier, paille et pneus usagés.
Sur l'A64, bloquée depuis vendredi soir sur plus d'une centaine de kilomètres du Pays basque à l'est de Tarbes par des dizaines de tracteurs, des agriculteurs ont installé des sapins de Noël.
« On est parti pour passer les fêtes ici », a assuré à l'AFP Cédric Baron, agriculteur-éleveur de bovins à Montoussin (Haute-Garonne), mobilisé à Carbonne, point de départ d'un précédent mouvement de protestation agricole en janvier 2024.
« Aucun foyer actif »
« Quand il y a une bête malade, tout le monde est d'accord pour l'abattre, mais tuer des troupeaux entiers, alors qu'il faut des années pour monter une génétique et monter un troupeau, on est totalement contre », a expliqué à l'AFP Christophe Guénon, éleveur de vaches et maraîcher en bio, près de Bordeaux.
La ministre de l'Agriculture, soutenue sur ce dossier par l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, a défendu « un protocole qui a très bien fonctionné » depuis l'apparition du premier cas en France de cette maladie, en juin, en Savoie.
« Si on ne fait rien, si on laisse courir la DNC, on perdra 10 % du cheptel français, cela veut dire 1,5 million d’animaux », a-t-elle mis en garde dans L'Opinion.
Alors que M. Venteau estime que « c'est maintenant que la vaccination doit se décréter, sinon on va avoir un drame dans moins d'un mois » et « tout le sud de la Loire sera contaminé », la ministre a répondu dimanche que « le virus n'est pas aux portes de chaque élevage ».
« Dialogue franc »
Lundi à Toulouse, Mme Genevard se rendra à la préfecture de Haute-Garonne pour une « réunion de crise sur la situation sanitaire et la campagne vaccinale » qui concerne un million de bêtes.
« Mon devoir est aussi de protéger 125.000 autres éleveurs qui ne veulent pas voir arriver la maladie chez eux, et de préserver 16 millions de bovidés », a-t-elle fait valoir.
Le gouvernement reste très prudent quant à une possible généralisation de la vaccination. Elle « placerait la France comme une zone à risque et donc ça ferait peser un risque économique sur toute la filière agricole », a plaidé dimanche Sébastien Martin, ministre délégué chargé de l'Industrie.
La présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, a demandé dimanche au Premier ministre Sébastien Lecornu « d'intervenir afin de garantir, dans les plus brefs délais, un dialogue franc et sincère avec les agriculteurs ».
Le dialogue est déjà « permanent », a soutenu la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
D'autres dossiers brûlants comme la baisse annoncée du budget de la Politique agricole commune (PAC) européenne et le Mercosur alimentent aussi la colère des agriculteurs.
Emmanuel Macron a demandé à la présidente de la Commission européenne un « report de l'examen de l'accord » de libre-échange avec des pays du Mercosur, constatant que « le compte n'y est pas pour protéger les agriculteurs Français », a indiqué dimanche l'entourage présidentiel.
La Commission européenne vise un feu vert des Etats membres de l'UE entre mardi et vendredi. Sa présidente, Ursula von der Leyen, veut parapher le texte le 20 décembre lors d'un sommet Mercosur au Brésil, avant une adoption au Parlement européen début 2026.