Marc Fesneau a pris la plume et diffusé sur compte Twitter une tribune dans laquelle il revendique le droit de « poser correctement le débat [sur les produits phytosanitaires] et changer de méthode pour avancer ». Ce texte fait suite aux réactions provoquées par l’intervention du ministre devant le congrès de la FNSEA le 30 mars dernier. Le ministre de l’Agriculture a aussi rendu public son courrier au directeur général de l’Anses, l’Agence de sécurité sanitaire des aliments, concernant la procédure de retrait du S-métalochlore.
✍️ Produits phytosanitaires : poser correctement le débat et changer de méthode pour avancer. pic.twitter.com/9LX9RmHHxm
Toujours la même « ligne conductrice »
Dans cette tribune, le ministre se défend de dévier des engagements pris par le gouvernement et qu’Élisabeth Borne a réaffirmé lors du dernier Salon de l’agriculture en annonçant un plan de développement des alternatives aux phytos. « Essayons de poser le débat des produits phytosanitaires et de l’usage de ces derniers avec la nécessité de le faire sans positions dogmatiques, et sans rechercher la polémique, écrit-il. La ligne conductrice qui est la nôtre est claire : nous devons poursuivre la trajectoire de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires il y a plus de 20 ans. »
Marc Fesneau insiste sur la nécessité de concilier la réduction du nombre de « solutions chimiques pour toujours mieux limiter les risques dès lors qu’ils sont identifiés par la science » , et garantir notre souveraineté alimentaire. « Nous avons besoin pour cela d’une approche opérationnelle, pragmatique et globale, assure-t-il. Il nous faut bien identifier les usages concernés, les productions affectées, pour anticiper, planifier et orienter en amont les travaux de recherche afin d’identifier des alternatives efficaces, accessibles et opérationnelles. »
Éviter « toute surréglementation nouvelle franco-française »
Pas question pour autant de remettre en cause le rôle de l’Anses aujourd’hui chargée des autorisations de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques. « L’avis scientifique de l’Anses, tout comme son expertise ou son rôle, n’ont jamais été remis en cause », insiste Marc Fesneau. Ce que le ministre ne veut pas, c’est d’un décalage dans le temps entre les décisions françaises et européennes. « Nous ne sommes pas sur une île dans un marché commun, écrit-il. Toute surréglementation nouvelle franco-française ne s’applique pas aux producteurs des autres pays européens. Ni à leurs produits ! »
Marc Fesneau reprend l’exemple du diméthoate dont la France avait interdit l’utilisation avant l’Union européenne. « N’avons-nous pas tiré aucune des leçons de ce qui s’est passé sur la cerise avec nos surtranspositions excessives (disparition de 50 % du verger français…) ou sur d’autres productions ? […] Notre logique est d’anticiper les possibles sorties de substances actives, au bon niveau, et le bon niveau, c’est le niveau européen. Il y a donc lieu de coordonner les calendriers des décisions européennes et françaises et, tel est le simple objet de la demande faîte à l’Anses. »