Contrairement aux deux étés précédents marqués par le sec, « une pluviométrie estivale abondante et régulière a accompagné le maïs et explique le bon résultat, informe Thomas Joly. La culture n’a pas connu de stress majeur à la floraison. » Fécondation et remplissage se sont bien passés sur l’ensemble du territoire.

« Le nombre de grain par unité de surface est limité seulement par le peuplement, qui a pu être dégradé en début de cycle par des problèmes de ravageurs », poursuit-il. Les pluies ont surtout profité aux maïs pluviaux (65 % des maïs grain et 90 à 95 % des maïs fourrage), qui contribuent au bon potentiel national avec 10,1 t/ha (1). Pas de record en maïs irrigués, note Thomas Joly, mais de bons rendements également, entre 12 et 13 t/ha en moyenne.

Plus de 100 000 ha de transfert

En 2021, 1,41 million d’hectares (Mha) ont été implantés en maïs grain, en baisse de 10 % sur la campagne de 2020. « A cela devrait s’ajouter du report, des surfaces initialement semées pour du fourrage finalement récoltées en grain », ajoute le spécialiste. Ce transfert devrait dépasser les 100 000 ha, « du jamais vu », commente-t-il.

La production de maïs est ainsi attendue à 15,5 millions de tonnes, « auxquelles s’ajouterait un million de tonnes de transfert », complète Thomas Joly.

Les températures fraîches ont retardé le cycle

Les levées ont été lentes, en lien avec un début de cycle froid, notamment en mai. Les conditions fraîches ont prolongé l’exposition aux ravageurs. « Le taupin reste le premier ravageur du maïs. La géomyse a été assez présente à l’Ouest, insecte sur lequel on est en impasse technique hors dérogation », relève Thomas Joly. Les foyers de chrysomèle s’étendent. « On observe les premiers dégâts rhônalpins et alsaciens. » Dégâts de foreurs, corvidés et sangliers étaient également constatés cette année.

Le retard de cycle se traduit par une récolte tardive. « Une récolte décalée, avec une humidité élevée peut avoir des conséquences sur la possibilité de rentrer le maïs, et éventuellement sur la qualité sanitaire. À ce jour, il n’y a cependant pas d’alertes, tout se passe plutôt bien », détaille Thomas Joly. Des températures plus chaudes en septembre et octobre, et le vent, ont plus ou moins accompagné la dessiccation selon les régions.

« C’est toute la difficulté d’un gros volume humide, cela crée un goulot d’étranglement au niveau des séchoirs. Il faut éviter de stocker du maïs humide, au risque de dégrader la qualité sanitaire. » À cela s’est ajouté localement un approvisionnement en gaz limitant. « Les situations de pénuries de gaz sont en train d’être corrigées », a assuré Daniel Peyraube, président de l’AGPM.

(1). Le service de la statistique du ministère de l’Agriculture prévoit plutôt un rendement de 102,8 q/ha pour une production de 14,8 millions de tonnes.

Justine Papin