« Une vraie concertation et des engagements sur les impacts techniques, financiers et de calendrier », c’est ce que demande le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO) à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, dans un communiqué publié ce vendredi 10 septembre 2021.

Alors que la France et l’Allemagne ont entériné l’arrêt du broyage des poussins mâles pour la fin de 2022, « la filière française des œufs et des ovoproduits est très inquiète quant à l’annonce de la prochaine publication du décret sur l’obligation d’ovosexage à l’échelle nationale », souligne l’interprofession.

> À lire aussi : Poussins mâles, les producteurs veulent que l’État assume le surcoût de la fin du broyage (30/07/2021)

« Distorsions de concurrence »

Philippe Juven, président du CNPO, demande en particulier qu’« aucun acte législatif ou réglementaire visant à une interdiction nationale de l’élimination des poussins mâles ne soit pris sans qu’une réglementation européenne ne soit adoptée pour l’imposer à l’ensemble de nos partenaires européens. »

À défaut, « il convient que les coûts induits par cette interdiction, imposée par l’État français à la filière, soient pris en charge par l’État », poursuit-il. Pour le président du CNPO, un cavalier seul franco-allemand sur l’obligation d’ovosexage « exposerait les entreprises françaises à des distorsions de concurrence importantes vis-à-vis de nos voisins européens et mettrait dangereusement en péril l’ensemble de la filière. »

Délais « en aucun cas tenables »

Les professionnels évaluent à 15 millions d’euros les investissements nécessaires pour l’équipement des couvoirs. À cela s’ajoutent des frais de fonctionnement, estimés par le CNPO à 55 millions d’euros par an, « soit environ 4 % du chiffre d’affaires annuel de la filière. » « Aucun des maillons ne peut aujourd’hui assumer ce surcoût », appuie Philippe Juven.

Le calendrier semble également difficile à respecter. « Si les professionnels français des œufs sont d’ores et déjà en ordre de marche pour réaliser tous les aménagements et investissements nécessaires, ils sont aujourd’hui dans l’impossibilité de tenir les délais annoncés par le ministre [Julien Denormandie, NDLR, à savoir à la fin de 2022. »

Vincent Guyot