« Nous n’avons pas eu le choix. » L’amertume est grande chez Jean-Luc Guyon, exploitant au Cardonnois (Somme) et président du Groupement des producteurs de pommes de terre livrant l’usine Mousline de Rosières-en-Santerre. En juillet, les agriculteurs concernés ont reçu un courrier les informant de la modification de leurs contrats signés pour un, deux ou trois ans. Pour la campagne de 2025-2026, 90 % des volumes engagés resteront rémunérés au prix initialement contractualisé, soit « de 190-200 €/t brute (récolte de 2025) à 290 €/t (juin 2026) », indique Jean-Luc Guyon.
Mais pour les 10 % restants (clause de flexibilité), le prix a été révisé à la baisse par un avenant au contrat, en cours de finalisation avec chaque producteur. « Ce prix varie selon la durée de conservation des pommes de terre sur l’exploitation », explique Philippe Fardel, président de Mousline. Il sera de 50 €/t brute jusqu’à la fin de décembre, 75 €/t de janvier à la fin de mars et de 100 €/t d’avril à la fin de juin. Les surplus seront pris au gré à gré. « Cela représente une baisse non négligeable, de 15 €/t en moyenne », chiffre Jean-Paul Guyon, qui n’ira toutefois pas au contentieux. « 25-30 % de mes pommes de terre sont déjà livrés, je suis pieds et mains liés. »
« Décision unilatérale »
Mousline justifie cette révision par la chute de la consommation de purée, qui a engendré quatorze semaines de stocks, ainsi que la renégociation à la baisse des prix de vente auprès de ses clients. « Les prix des pommes de terre sont tombés à des niveaux indécents. Nous avions une vraie obligation de renégocier une partie de nos contrats », défend Philippe Fardel, évoquant un « effort commun entre nous et les agriculteurs ».
« C’est une décision unilatérale, réagit Jean-Paul. Cela ne s’est jamais fait ! » Elle fait écho à d’autres pratiques observées ces derniers mois. Par exemple, des industriels de la frite comme Clarebout et McCain ont baissé les pré-engagements de volumes annoncés (moins 10 à 20 %) quelques jours avant les plantations.