« En vingt ans, nous n’avons pas perdu de temps ! », sourient Alexandre Varenne et son frère Guy. Une affirmation non démentie par leur mère Odette, encore très au fait de la vie de l’exploitation familiale qui compte à ce jour 150 ha et 110 vaches pour une production de 750 000 l de lait. L’installation d’un roto de traite en 2020 a conforté les deux frères dans leur choix de produire un lait AOP fourme d’Ambert et bleu d’Auvergne de qualité dans des conditions de travail adaptées à leur époque.

Avant qu’Alexandre s’associe avec sa mère en 2004, l’exploitation comptait 44 ha, 23 vaches allaitantes et 30 montbéliardes produisant 48 000 l de lait. Son arrivée fait évoluer la structure à 82 ha et 45 laitières pour 240 000 l de lait avec la conversion des primes vaches allaitantes en références laitières. En 2006, une stabulation libre de 54 places en logettes équipées de matelas et une salle de traite en épi 2 fois 5 remplacent l’étable entravée et la traite avec transfert. Ce 1er investissement s’élève à 290 000 €.

L’arrivée de Guy en 2010, alors que leur mère prend sa retraite, s’accompagne d’une augmentation de la SAU à 100 h et du troupeau à 70 vaches pour 510 000 l de lait. Dès 2012, un bâtiment consacré aux génisses et deux silos couloirs sont construits pour un investissement de 234 000 €. La taille du troupeau et la production de lait poursuivent leur progression avec 90 vaches et 600 000 l annuels de 2014 à 2018.

Le choix du roto

Alors que la gestion des surfaces et l’alimentation du troupeau ne posaient pas de problèmes majeurs aux deux frères, la traite effectuée par Alexandre 7 jours sur 7 représentait le point noir du système. « Cette astreinte à raison de plus de plus de deux heures matin et soir – et deux paquets de cigarettes par jour - commençait à vraiment me peser, précise l’intéressé. Il était temps de moderniser ce poste. Le choix du roto de traite après plusieurs visites chez des confrères s’est concrétisé pour sa souplesse d’utilisation sans contrainte informatique et sans lourdeur dans la maintenance de l’outil par rapport à un robot de traite. »

Cinq ans de recul ont donné raison aux deux éleveurs quant au choix de cette salle de traite rotative de 24 postes, avec le trayeur placé à l’intérieur du manège, ce qui lui permet de travailler seul. Le roto est abrité dans un bâtiment bipente de 20 m de long sur 14 m de large construit dans le prolongement de la stabulation. Cette dernière a elle-même été rallongée en 2020 de 5 m de long sur 28,50 m de large pour créer des logettes supplémentaires et une aire d’attente sur caillebotis. Les équipements intérieurs comptent également un tunnel d’accès au roto, un DAC 4 stalles, un robot racleur, un repousse fourrage et un chien électrique. L’investissement total est de 650 000 €.

Un lait AOP de qualité

« Je ne consacre plus qu’une heure matin et soir à la traite. C’est intense mais efficace. Le nombre de cellules a été divisé par deux alors que je ne fais qu’un trempage des mamelles après la traite durant l’été, précise Alexandre. Nous avons aussi vu diminuer le nombre de boiteries sur les vaches. La traite est fluide et agréable, les vaches ne sont pas stressées. La farine de paille sur les logettes favorise leur propreté. »

« Le Dac est directement reprogrammé à partir des pesées du contrôle laitier, souligne Guy. Nous avons gagné en efficacité alimentaire et en production laitière. Avec un coût de ration total de 204 €/1 000 l, dont 127 €/1 000 l de concentrés + coproduits + minéraux, nous atteignons une moyenne de 7 500 kg par vache à 45 de TB et 34 de TP. » 50 % du lait transformé en AOP fourme d’Ambert et bleu d’Auvergne par la laiterie bénéficient d’une plus-value de 40 €/t sur un prix de base actuel de 460 €/t. Un plus appréciable au regard des investissements réalisés. « Nous travaillons aussi pour la génération à venir qui semble intéressée par le métier », sourient les frères, qui souhaitent désormais améliorer la valeur génétique du troupeau.