Le Nutri-score ne fait pas de cadeau aux fromages. Noté E, le Roquefort se soulève. « Le seul E que nous acceptons est celui de l’excellence », tranche Sébastien Vignette, le secrétaire général de la Confédération de Roquefort, le 2 mars 2022 au Salon de l’agriculture de Paris.
S’il reconnaît l’intérêt « d’informer et d’orienter les consommateurs vers une alimentation plus saine et durable », Sébastien Vignette remet en cause l’intérêt du Nutri-score sur des produits très peu transformés comme les fromages sous signe de qualité. « Nous appliquons des recettes ancestrales que nous ne pouvons ni ne voulons modifier. »
Une évaluation « tronquée » ?
« Le Nutri-score est né d’une bonne volonté, mais il est déjà un peu daté », estime le professeur Philippe Legrand, directeur du laboratoire de biochimie et nutrition humaine à l’Inserm. D’après le scientifique, la notation blâme essentiellement les lipides, le sel et le sucre, « qui sont tout de même des nutriments importants ». Du côté des bienfaits, « les vitamines, les minéraux ou encore les acides gras indispensables sont négligés ».
« Certains industriels vont remplacer le sucre par des édulcorants, le sel par des conservateurs chimiques et le gras par des agents texturants, ajoute Sébastien Vignette. Tout cela pour avoir un A, et pousser à la surconsommation de produits ultra-transformés. »
Au-delà de ces aspects purement scientifiques, « le Nutri-score ignore la valeur gustative, historique, patrimonial ou plaisir des produits », souligne Arnaud Viala, le président du département de l’Aveyron.
Pour une « exemption » des « produits simples »
Il ressort finalement de la table-ronde organisée sur le stand de l’Aveyron que le Nutri-score « a le mérite d’exister » mais doit encore « évoluer. » Un nouvel algorithme ne résoudra pas tout pour autant. Pour Éric Andrieu, député européen, cet outil « s’applique mal à des produits mono ingrédients » pour lesquels il plaide « l’exemption » à l’échelle du Vieux Continent. Une demande relayée par le Conseil national des appellations d’origine laitière (Cnaol).
« Les aliments simples ne doivent plus faire partie du Nutri-score car l’équilibre nutritionnel s’appréhende sur un menu, sur une recette, et non sur des matières premières [huile, beurre, fromage…] », confirme le professeur Legrand.