C’était bien le moment de le faire : le 21 décembre 2020, les éleveurs de bovins à viande de la région Pays de la Loire ont rédigé leur lettre au Père Noël. Ils estiment qu’ils ont été sages cette année et qu’ils auraient bien droit à leur cadeau. Et ils ne sont pas gourmands : ils ne demandent qu’un seul cadeau mais qu’il soit profitable pendant longtemps. L’application de la loi Egalim leur ferait passer de bonnes fêtes, suggèrent-ils.

 

 

 

Décapitalisations des élevages

« Nous avons voulu le dire avec humour mais nous mettons le doigt sur un vrai problème qui affecte les éleveurs et les territoires : la rentabilité des capitaux est trop faible dans nos exploitations. On le constate parce qu’on enregistre une véritable décapitalisation dans le secteur de l’élevage de viande bovine. Les installations sont plus rares. Les cheptels diminuent, même dans des territoires dynamiques comme notre région », explique Mickaël Trichet, le président de la FRSEA des Pays de la Loire. Pour lui, c’est un signe d’une rupture qui est en train de s’opérer.

 

L’élevage de bovins à viande a plutôt bien résisté aux confinements de 2020, en comparaison avec d’autres secteurs comme les viandes festives ou l’agneau de Pâques. « Les volumes ont été tirés. Les gens n’ont pas manqué de viande de qualité. Mais nos efforts ne sont pas rémunérés », écrivent les éleveurs de la FRSEA et des Jeunes Agriculteurs.

 

Mickaël Trichet estime que les opérateurs maintiennent des prix trop faibles pour donner de la visibilité aux producteurs : « Ce n’est pas d’un plan d’urgence dont nous avons besoin ; c’est d’une lisibilité suffisante du marché pour ne pas freiner les investissements. Sans ça, on le voit, les gens arrêtent dans le silence : ils ne transmettent plus, ils ne s’installent plus, ils n’investissent plus. »

La loi Egalim est un bon outil

Pour lui, l’application de la loi Egalim, qui avait l’ambition en 2018 de construire les marges en partant du coût de production, est le bon outil pour « arrêter la déconstruction structurelle » du secteur de l’élevage bovin allaitant.

 

« Cher Père Noël, ce cadeau, ça a l’air génial. Ça parle de contractualisation et de prise en compte du coût de production. Les copains et moi, on pense que c’est une bonne méthode pour revaloriser le prix de nos productions et faire remonter les cotations. Ne t’inquiète pas pour le prix : on en a vu plein d’occasions en bon état parce que ça n’a pas été beaucoup utilisé », ironisent les syndicats.

 

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