Une centaine d’agriculteurs s’est rassemblée ce 17 décembre 2025 devant le siège du Parlement européen à Strasbourg à l’appel de la Coordination rurale pour protester contre l’abattage des troupeaux de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), contre le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, ou encore la réforme de la Pac.

Dermatose nodulaire, réforme de la Pac et accord avec le Mercosur au coeur des revendications

Les membres du syndicat agricole sont arrivés à Strasbourg peu après 10h00 avec une quinzaine de tracteurs portant des banderoles « Non à l’abattage », « Halte au massacre », « Touche pas ma vache » ou « Non au Mercosur, non à la réforme de la Pac ».

« Nous sommes à Strasbourg au Parlement européen, où tout se décide, a déclaré Paul Fritsch, président de la Coordination rurale du Bas-Rhin à La France Agricole. La dermatose nodulaire contagieuse est une maladie classée A par une directive européenne, que notre ministre de l’Agriculture, Annie Genevard applique à la lettre. Le sujet du Mercosur, qui est en train d’être signé est aussi européen, ainsi que celui du budget de la Pac ou encore du MACF [NDLR : mécanisme de taxe carbone aux frontières qui pourrait impacter le prix des engrais] ».

L'abattage total cristallise les tensions

La Coordination rurale conteste l’abattage total des troupeaux de bovins dont des animaux ont été contaminés par la DNC, mesure visant à endiguer la progression de cette maladie. Tout comme la Confédération paysanne, l’autre syndicat minoritaire, classé à gauche, la Coordination rurale demande la vaccination des troupeaux pour éviter l’abattage. Les organisations ont été partiellement entendues par le gouvernement, qui a annoncé le 16 décembre 2025 l’accélération de la vaccination.

L’abattage total des troupeaux donne lieu depuis plusieurs semaines à des manifestations tendues, et parfois des face-à-face avec les forces de l’ordre sur les exploitations concernées. « Imaginez-vous l’état d’esprit de ces gens-là à qui on a abattu le troupeau, fruit de générations de sélection », a déclaré le président de la Coordination rurale du Bas-Rhin, Paul Fritsch.

L’oreille des eurodéputés

« En fin d’après-midi, nous avons rencontré des eurodéputés de tous les partis de la gauche à la droite et nous avons eu une oreille attentive », assure Paul Fritsch, confiant qu’il ne sait pas si ce sera suivi des actes. Plusieurs eurodéputés français, ont pris la parole pour soutenir la mobilisation, dont l’élue des Républicains Céline Imart, agricultrice de profession, s’est également exprimée, comme la députée française Manon Meunier (La France insoumise), longuement huée par la foule avant sa prise de parole. Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, était présent, ainsi que l’eurodéputé d’extrême droite Gilles Pennelle, qui a lancé : « Les forces de gendarmerie ne devraient pas s’affronter avec ceux qui nous nourrissent. »

Manifestants et élus dénonçaient également l’adoption prévue ce samedi 20 décembre du traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, auquel s’oppose la France, qui craint notamment pour son secteur agricole. « Le Mercosur fera autant de dégâts dans l’élevage que la dermatose », craint Paul Fritsch.