« On lui a dit [au Premier ministre, NDLR] qu’il y avait cinq grands blocs sur lesquels on n’avançait pas au bon rythme. » Il s’agit des dossiers de l’élevage, la question de l’eau et des pesticides, la compétitivité, la trésorerie et les retraites, a précisé Arnaud Rousseau, accompagné du président de JA, Arnaud Gaillot. Saluant l’écoute « très attentive » du Premier ministre, Arnaud Rousseau a précisé qu’un nouveau rendez-vous a été fixé à lundi prochain à Matignon.
Quatre ministres autour de la table
« Le terrain ne peut plus attendre » et le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui viendra clôturer le congrès de la FNSEA le 28 mars 2024 « ne peut pas venir sans des mesures très concrètes », a fait valoir Arnaud Rousseau, à l’issue de la rencontre. Outre Marc Fesneau, deux autres ministres étaient présents : Agnès Pannier-Runacher pour l’Agriculture, et Christophe Béchu, pour la Transition écologique.
Le Premier ministre « nous a donné rendez-vous lundi soir pour dire : “On avance ici à Matignon, et on est capable de vous dire sur quoi on a cranté les choses” », a rapporté Arnaud Rousseau. « Parce que maintenant notre terrain, ce qu’il faut qu’on lui dise c’est : “Ça, c’est à telle échéance”. […] On sait qu’il y a un certain nombre de choses dans la loi mais tout n’est pas dans la loi », a-t-il ajouté.
« Aujourd’hui, pour qu’on puisse reprendre notre activité agricole et quelque part considérer que la crise est derrière nous, il faut que les gens voient […] les projets d’eau, voient les solutions techniques sur les phytosanitaires, voient les problèmes de trésorerie réglés, voient les contrôles uniques se mettre en place », a énuméré Arnaud Rousseau.
Pour avancer, les syndicats majoritaires ont fait un effort de priorisation, comme le demandait l’exécutif. Les cinq grands axes présentés à Gabriel Attal concernent :
- « L’élevage », avec une mise en route jugée poussive du plan annoncé par le gouvernement ;
- « Les moyens de production », notamment le stockage de l’eau et l’usage des pesticides ;
- « La compétitivité », avec des mesures fiscales réclamées pour les éleveurs ;
- Des « mesures de trésorerie », avec des « prêts bonifiés » par les banques ou un « accompagnement » pour les entreprises nécessitant une restructuration ;
- Le sujet de « la dignité du métier », avec une clarification attendue sur les retraites agricoles.
Concernant le stockage de l’eau, un exploitant ayant un projet de retenue d’eau doit savoir s’il peut ou non engager des travaux dès cette année, a réclamé Arnaud Rousseau. Au sujet des phytos, « peut-on s’attendre à des dérogations en France pour des produits utilisés ailleurs en Europe ? » a-t-il demandé, saluant par ailleurs l’existence d’une prochaine « proposition de loi sur les phytosanitaires ».
En attendant la rencontre avec Emmanuel Macron
La réunion à Matignon s’est tenue après le report d’une rencontre prévue cette semaine avec Emmanuel Macron. Cette réunion avec le président de la République devait clore la séquence de la colère agricole et des mobilisations organisées partout en France depuis janvier, et jusqu’au Salon de l’agriculture où le chef de l’État a été copieusement hué.
Emmanuel Macron recevra les syndicats « quand tous les travaux conduits par le gouvernement permettront au président de conclure la séquence », a indiqué lundi l’Élysée. Exécutif et syndicats agricoles sont à la recherche d’une sortie de crise en dépit des gages déjà donnés par l’exécutif. Ces échanges se tiennent à dix jours du congrès annuel de la FNSEA et de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi agricole le 29 mars 2024.