En vue des élections européennes, le Copa et la Cogeca (1) ont présenté le 18 avril 2024 à Bruxelles leurs ambitions pour le prochain mandat de la Commission européenne. Les représentants européens des agriculteurs et de leurs coopératives ont ainsi dévoilé aux principaux groupes politiques européens leur manifeste qui vise à « replacer l’agriculture et les zones rurales au centre des débats et retrouver sa boussole agricole ».

Pour y parvenir, le Copa et la Cogeca ont identifié sept axes prioritaires à mettre en œuvre par la prochaine Commission européenne ainsi que quatre facilitateurs.

1. Réconcilier atténuation du changement climatique, conservation de la nature et production alimentaire en garantissant une rémunération équitable, en instaurant des dérogations effectives au droit de la concurrence, et en encourageant des chaînes de valeur courtes et les réseaux de marchés agricoles.

2. Renforcer la compétitivité et la rentabilité du secteur agricole européen tout en maintenant son potentiel de production en créant une loi sur la restauration de l’agriculture et en élaborant des mesures de marché et de gestion des risques plus performantes et réactives.

3. Garantir la transition générationnelle agricole en intégrant un principe de « contrôle socio-économique jeunes agriculteurs » dans toutes les législations à venir portant sur l’agriculture, le climat ou l’environnement, et en créant dans le même temps des mesures destinées aux jeunes agriculteurs et un mécanisme de succession des exploitations.

4. Améliorer la santé végétale ainsi que le bien-être animal en misant sur la recherche et l’innovation en autorisant dans les meilleurs délais les nouvelles substances actives ayant une incidence moindre sur l’environnement et la santé et en instaurant un cadre réglementaire basé sur la science sur les végétaux NTG. Le Copa et la Cogeca appellent également la Commission européenne à développer une stratégie sur les engrais, à fonder sur la science la révision de la législation en matière de bien-être animal et à appliquer le principe de précaution.

5. Accroître la contribution des agriculteurs et propriétaires forestiers européens à la production d’énergies renouvelables et au développement de la bioéconomie en adoptant une approche cohérente reposant sur le principe de la neutralité technologique, en replaçant la bioéconomie au centre de ses préoccupations et en déployant une aide à l’investissement.

6. Renforcer la résilience et la compétitivité des coopératives agroalimentaires et sylvicoles en tenant compte de leurs besoins, en mettant en place une politique environnementale qui mise sur l’innovation et la science, et en reconnaissant des entreprises coopératives en tant qu’organisations de producteurs, à la demande des coopératives agricoles elles-mêmes.

7. Investir et innover dans le dynamisme des zones rurales en instaurant un plan européen pour leurs infrastructures grâce à des investissements considérables et en priorisant l’accès adéquat des agriculteurs à l’eau à des fins de production agricole.

Un(e) futur(e) vice-président(e) de la Commission européenne

Pour mettre en œuvre ces sept axes prioritaires, le Copa et la Cogeca ont identifié quatre éléments « facilitateurs » dans le fonctionnement de l’Union européenne, « qui pourraient apporter un soutien décisif aux communautés agricoles par le biais de propositions de politiques européennes », écrivent-ils dans leur manifeste.

Premièrement, le prochain budget de l’Union européenne devrait, selon eux, mieux tenir compte des ambitions agricoles européennes. À cet effet, ils annoncent qu’ils demanderont à la Commission nouvellement élue « de réaliser une étude d’impact complète des politiques agricoles issues du Pacte vert et d’évaluer leurs implications financières ».

Deuxièmement, le Copa et la Cogeca estiment qu’il faudra garantir « une cohérence entre les objectifs de politique commerciale et les ambitions pour le marché interne ». Ensuite, ils préconisent la mise en place d’études de faisabilité pour toutes nouvelles propositions en lien avec l’agriculture.

Et enfin, toujours dans le but de faciliter la mise en œuvre des sept axes prioritaires, les représentants européens des agriculteurs et de leurs coopératives affirment qu’il sera « nécessaire » d’élire une ou un commissaire chargé(e) de l’agriculture et des zones rurales, qui assumera un « rôle clé » de vice-président(e) de la Commission européenne.

(1) Le Copa est le Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne et la Cogeca est la Confédération générale des coopératives agricoles.