Alors que le vote de la commission environnementale du Parlement européen au sujet des nouvelles techniques génomiques (NTG) a lieu ce mercredi 24 janvier 2024, deux lettres ouvertes ont été adressées aux eurodéputés au début de la semaine.
37 prix Nobel
37 lauréats du prix Nobel, dont Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, lauréates du prix Nobel de chimie en 2020 (1), et près de 1 500 autres scientifiques appellent les eurodéputés à soutenir les nouvelles techniques génomiques.
« Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous élever au-dessus de l’idéologie et du dogmatisme, estiment-ils. La sélection conventionnelle de cultures résistantes au climat (avec croisement de certains caractères, puis sélection ultérieure, et enfin rétrocroisement pour éliminer les caractères indésirables) prend trop de temps. Cela prend des années, voire des décennies. Nous n’avons pas ce moment à une époque d’urgence climatique. »
Selon les signataires de cette lettre ouverte, l’utilisation responsable des NTG, que la législation pourrait débloquer, pourrait donc « contribuer de manière significative à la quête collective d’un avenir plus résilient, plus respectueux de l’environnement et plus sûr [sur le plan alimentaire ».
Ne pas retarder le processus législatif
L’AFBV (Association française des biotechnologies végétales, ), en collaboration avec EU-Sage (European sustainable agriculture through genome editing, ou L’agriculture européenne durable grâce à l’édition du génome) et le WGG (Wissenschatftskreis Genomik und Gentechnik, ou Groupe scientifique de génomique et génie génétique), a aussi transmis une lettre ouverte aux parlementaires européens.
Ils leur demandent de ne pas retarder le processus législatif en cours sur l’adoption de cette réglementation adaptée aux plantes issues des nouvelles techniques génomiques. Cette lettre est déjà cosignée par plus de 480 scientifiques de 25 États membres et autres pays.
« Des objectifs ambitieux ont été fixés au niveau européen pour assurer sa souveraineté alimentaire tout en maintenant la durabilité de son agriculture qui doit faire face au changement climatique tout en réduisant les utilisations d’intrants, dont l’eau, les engrais et produits phytosanitaires. Pour atteindre ces objectifs, un flux continu d’innovations est nécessaire », rappellent les signataires.
« L’introduction rapide de telles variétés ne sera possible que si les sélectionneurs ont accès à toutes les techniques disponibles sans a priori et dans de bonnes conditions. Or ce n’est pas le cas actuellement en Europe puisque la législation sur les OGM applicable aux NTG qui date de 2001 n’est pas adaptée à ces technologies récentes », insistent ces scientifiques.
(1) Récompensées pour la mise au point du système universel d’édition du génome Crispr-Cas9.