En 2025, le secteur de la pomme de terre connaît un fort déséquilibre avec une offre abondante, en lien avec une importante progression des surfaces, et une demande qui n’est pas au rendez-vous. « L’industrie contractualise environ 80 % de ses volumes en règle générale, explique Alain Dequeker, secrétaire général de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), interrogé par La France Agricole. Au printemps, on a observé des contrats proposés aux producteurs qui n’ont pas été suivis d’une signature. Des industriels ont aussi supprimé des volumes en contrat, et cela a créé une forte frustration auprès des producteurs car des pommes de terre qui avaient été plantées se sont retrouvées sur le marché libre. »

« Davantage de déontologie dans la politique contractuelle »

« Plus globalement, sur le marché de l’industrie, mais aussi du frais ou de l’export, il serait bien de remettre un peu plus de déontologie dans la politique contractuelle, tant en matière de volume, de prix que de respect des contrats », estime Alain Dequeker.

« Il y a des clauses de refus ou de renégociations de prix ou de qualité qui sont abusives, estime-t-il. Les contrats sont bien écrits et permettent à l’acheteur de revoir les conditions, mais il n’y a pas toujours d’explication suffisante entre celui qui propose le contrat et celui qui le reçoit. »

Alain Dequeker invite les producteurs à avoir une lecture « beaucoup plus attentive » du contenu de leur contrat, et à s’interroger sur leur capacité à le réaliser. De la part des acheteurs, il espère « une explication bien supérieure » des contrats, et considère qu’une « réécriture » est nécessaire.

« C’est un vrai sujet à travailler dans les interprofessions, insiste-t-il. Nous défendons la politique contractuelle, mais nous observons des choses cette année qui ne sont pas justes. »

Pour la prochaine campagne, les producteurs doivent « sortir la calculette »

Le 26 novembre 2025, le NEPG, représentant les producteurs de pommes de terre du nord-ouest de l’Europe, alertait sur une campagne « extrêmement difficile » à venir. « Nous n’imaginons pas que la demande sera rétablie à court terme et nous nous attendons à ce que les volumes contractualisés par les industriels et les prix soient en baisse pour la prochaine campagne, appuie Alain Dequeker. La seule solution pour retrouver un équilibre est la baisse des surfaces. »

Le secrétaire général de l’UNPT appelle chaque producteur à « prendre sa calculette » pour déterminer s’il arrivera à produire aux prix des contrats proposés, et à la qualité nécessaire au besoin du marché du frais comme de l’industrie.