« La décapitalisation reste marquée. Entre octobre 2016 et 2024, le cheptel bovin reproducteur total (laitier et allaitant) a reculé de 13 %. » Un bilan tiré par Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage, lors de la conférence Grand angle viande le 13 novembre 2024 à Paris. Forcément, les abattages en pâtissent. Ils ont encore reculé de 5 % pour les vaches allaitantes entre janvier et septembre 2024.

Moins de broutards exportés

« Du côté des mâles, historiquement un animal sur deux partait à l’exportation. Dans ce contexte de décapitalisation, les achats de broutards sont relativement stables pour les mises en place en France, et les exportations ont baissé », relate l’experte. De janvier à juin 2024, les exportations de broutards ont reculé de 7,8 %, tandis que les achats dans l’Hexagone ont augmenté de 7 %.

« Cela se reflète sur les abattages. Le nombre de jeunes bovins à viande abattus est en hausse de 3 % sur les neuf premiers mois de 2024. » Au total, les volumes de gros bovins abattus de janvier à septembre 2024 s’équilibrent à 857 680 tonnes-équivalent carcasse. Ils restent équivalents à ceux de 2023 sur la même période.

Des prix nettement supérieurs

« Les prix des vaches U et R sont bien orientés. Il n’y a plus d’attente d’animaux en ferme, le marché est extrêmement tendu », souligne Caroline Monniot. Au 1er novembre, les vaches U cotaient 6,10 €/kg de carcasse (kgc), soit 3 % de plus qu’en 2023 à cette période. Pour les vaches R, le prix est 1 % supérieur à l’année dernière, à 5,54 €/kgc.

« Les tarifs des jeunes bovins augmentent habituellement à l’approche des fêtes, poursuit-elle. Cette année, ils sont largement supérieurs aux années précédentes. » La cotation des jeunes bovins U et R dépasse de 4 % son niveau de 2023, à respectivement 5,60 et 5,21 €/kgc.

Du côté des réformes laitières, les prix suivent leur évolution saisonnière à la baisse. Mais au niveau européen, toutes les cotations de la vache O convergent. « C’est signe que le marché est en manque de bovins, analyse l’agroéconomiste. C’est un signal assez positif pour le marché français, car cela rend la viande d’importation moins attractive. »

Baisse de production en 2025

« Nous pensons que la décapitalisation va osciller mais va se poursuivre en 2025. Nous attendons donc une probable baisse de la production, car le cheptel est désormais réduit », avance Caroline Monniot. Du côté des naissances, les inquiétudes persistent. « Elles ont réduit en 2024 mais l’exportation en vif a également reculé. Nous misons sur des abattages de jeunes bovins stables en 2025. » La question de l’impact des épizooties FCO et MHE reste en suspens.