« La fin des congés scolaires et le retour des vacanciers s’accompagnent d’une relance de l’activité et notamment dans le secteur de la transformation », observe le Marché du porc français (MPF), dans sa note hebdomadaire publiée le 2 septembre 2024. De quoi espérer un coup de frein à la chute continue du prix du porc observée tout au long du mois d’août, en France et dans les autres principaux pays producteurs de porc en Europe (voir l’infographie ci-dessous). Entre le 29 juillet et le 2 septembre, le prix de base français a ainsi dégringolé de 26 centimes, passant de 2,132 € à 1,872 €/kg.

Entre le 29 juillet et le 2 septembre 2024, le prix de base français du porc a chuté de 26 centimes, passant de 2,132 € à 1,872 €/kg.

L’offre reste pourtant mesurée. À la fin de la semaine 35 (du 26 août au 1er septembre), dans la zone Uniporc, qui représente la quasi-totalité de la production française, les abattages cumulés depuis le début de l’année étaient en retrait de 1,7 % (en têtes) par rapport à la même période en 2023. « C’est 207 800 porcs de moins en 35 semaines ou 6 000 porcs de moins environ par semaine en 2024 », commente le MPF.

Les abattages cumulés de porcs depuis le début de l’année étaient en retrait de 1,7 % (en têtes) par rapport à la même période en 2023.

Dès lors, comment expliquer l’affaissement des cours ? « Jusqu’à présent, la consommation résistait mieux que la production. Ce n’est plus vraiment le cas, en France comme dans le reste de l’Europe », constate Valérie Diot, ingénieure d’études à l’Institut du porc (Ifip).

Le MPF dépeint une consommation « qui semble en berne sur de nombreux produits dont le jambon et la longe ». D’après Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, en juin dernier, la consommation apparente (1) de viande de porc était « légèrement inférieure » à la moyenne de la période de 2019-2023 (–1,3 %).

Selon les données de Kantar Worldpanel pour FranceAgriMer, en cumul du 1er janvier au 31 juillet 2024, les achats des ménages de viande de porc (hors élaborés) sont en recul de 3,9 % par rapport à la même période en 2023. Ceux de charcuteries (hors volaille et saucisserie) se replient de 1,9 %.

« Rivalités interentreprises »

L’effet de la rentrée sur le prix du porc à la production pourrait donc rester mesuré. D’autant que « depuis la sortie de crise du Covid, la stratégie des distributeurs vis-à-vis des promotions a changé, indique Valérie Diot. Elles sont plus lissées, alors qu’auparavant, en septembre, elles servaient à redynamiser le marché. »

D’après la spécialiste, d’autres viandes viennent aussi concurrencer le porc, notamment la volaille, davantage présente dans les linéaires après deux ans de crise d’influenza aviaire, ainsi que le haché de bœuf, plébiscité pour sa praticité.

À cela s’ajoutent des « rivalités interentreprises en quête de compétitivité sur le marché national et sur un marché européen largement approvisionné en viande », créant « de fortes tensions au détriment du prix du porc », souligne le Marché du porc français.

(1) Consommation apparente = abattages + importations – exportations.