« L’évolution de la consommation n’est pas uniquement liée au prix de la viande, mais aussi à la production », explique Ilona Blanquet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage. En juin, l’indice du prix du bœuf et du veau de l'Insee n’a progressé que de 0,7 % en un an. La consommation par bilan (1) de viande bovine et de veau, en mai 2024, a reculé de 1 % par rapport à 2023, « ce qui correspond à la diminution des abattages de bovins sur ce mois-là ». Malgré une forte décapitalisation, la France maintient ses abattages de bovins sur les cinq premiers mois de l’année 2024.

Comment ? « Par un renforcement de l’engraissement en jeunes bovins. Depuis un peu plus d’un an, davantage de broutards restent sur le territoire national et, logiquement, les abattages de jeunes bovins allaitants augmentent de 3 % entre janvier et mai 2024 », analyse l’experte. 7 500 têtes supplémentaires (soit 3 500 tec) ont été abattues dans cette catégorie sur les cinq premiers mois de 2024, par rapport à l’année précédente.

Réorganisation des flux

Cette réorganisation des flux de broutards a une conséquence sur l’assiette des Français. Elle assure la stabilité de la part de l’origine France dans le disponible consommable. Si la filière allaitante s’inquiète d’une forte concurrence de la viande étrangère, l’agroéconomiste tempère. « Les évolutions sont parfois moins fortes dans les statistiques que dans la perception du terrain.

La part de viande bovine française reste stable sur un an, à 75 % de la consommation par bilan et 25 % d’importations sur les cinq premiers mois de 2024. » En mai, selon les Douanes françaises, les importations totales de viande bovine ont reculé de 4 % par rapport à 2023, pour s’établir à 28 200 tonnes-équivalent carcasse (téc). À l’inverse, les exportations ont bondi sur avril et mai, en raison d’une réorganisation des flux vers la Grèce (lire l'encadré ci-dessous).

(1) Consommation par bilan = abattages + importations – exportations +/- variations de stock.